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Agence de développement : aider les entreprises et créer de nouveaux services

Nicolas Pichard, responsable du département Territoires & filières à l’Agence de développement Normandie (ADN), est mobilisé, comme toute l’équipe, pour mettre en œuvre les nouveaux dispositifs et poursuivre sa mission d’accompagnement auprès du secteur économique, dans un contexte très « mouvant » lié à la crise sanitaire du Covid-19.

Interview réalisée pendant le confinement, en avril 2020.

  • Comment cette crise a-t-elle impacté votre organisation ?
  • Toute l’équipe de l’Agence de développement Normandie (ADN) a été impactée par cette crise sanitaire. Certaines activités ont été stoppées temporairement, comme les manifestations en présentiel où nous intervenions en support. Les autres activités ont été maintenues. Il était par exemple important de continuer notre mission d’accompagnement, notamment des clusters (réseaux d’entreprises) qui ont besoin des financements de la région. L’Agence de développement Normandie pilote, en effet, pour la région la majorité des aides aux entreprises et s’occupe de l’accompagnement du secteur économique et des territoires. Cette crise nous amène aussi à réaliser de nouvelles missions et à faire preuve de polyvalence.

  • Qu’est-ce qui a été mis en place spécifiquement ?
  • Au tout début de la crise, la région Normandie et son agence de développement ont créé un dispositif spécifique destiné aux entreprises avec un guide des mesures créées ou adaptées pour répondre à la crise Covid-19, une adresse mail dédiée (covid19-eco@adnormandie.fr), et un numéro d’appel unique (02 35 52 22 00). Le volume d’appels ayant rapidement augmenté, les premières équipes mobilisées, celles en contact direct avec les entreprises, ont été saturées au bout de 15 jours. D’autres équipes ont donc été formées aux différents dispositifs d’aides de la région, des autres acteurs économiques et de l’État, pour être capables de répondre et d’orienter les appelants. Cette hotline est ouverte 5 jours sur 7, de 8h30 à 18h30, et nous fonctionnons en roulement par demi-journée ce qui permet de poursuivre les autres missions, comme l’instruction des dossiers, ou les demandes de prêt en trésorerie par exemple qui ont explosé.
    Le président de la région, Hervé Morin, a également souhaité que nous fassions le nécessaire pour que des masques soient mis à disposition. Ils ont été distribués en priorité aux personnels soignants et ensuite à tout le réseau économique, après que l’ADN ait centralisé les besoins des entreprises du territoire, par le biais des filières. Des masques chirurgicaux ont été commandés et des masques en tissu fabriqués par des entreprises normandes.

  • Quelles sont vos missions dans le cadre de cette réorganisation ?
  • Mes sept collaborateurs et moi-même sommes mobilisés dans le cadre de ce dispositif créé pour les entreprises. La hotline, qui reçoit en moyenne 200 appels par jour, mobilise beaucoup de temps. Il y a toutes sortes de questions (report de charges, lieux où récupérer des masques, etc.), beaucoup d’inquiétude aussi. Nous répondons surtout aux questions spécifiques, sur les aides, et réorientons vers les autres services pour des demandes plus générales. J’y ai participé quand j’ai pu, jusqu’à début avril lorsque l’État a mis en place un nouveau dispositif : le Fonds national de solidarité auquel la région Normandie a abondé à hauteur de 21 millions d’euros, et qui a généré une grosse activité. Ce fonds permet aux entreprises de toucher, sous certaines conditions, une aide défiscalisée jusqu’à 1500 euros pour le volet 1. Nous recevons les demandes du volet 2 (aide jusqu’à 5 000 euros) que nous instruisons en fonction des éléments fournis. Il n’y a pas de dépôt de pièces, ce n’est que du déclaratif afin de réduire autant que possible les délais de réponses et de versement aux entreprises qui y sont éligibles. Entre le traitement du dossier et la réponse à l’entreprise, il faut compter moins de 48 heures. Nous nous sommes aussi mobilisés afin d’éviter l’engorgement (6 000 demandes estimées sur le volet 2 que nous instruisons). Et quand il y a une approximation, un doute, quand l’entrepreneur est allé trop vite, nous n’hésitons pas à l’alerter et le contacter pour l’informer de la possibilité de redéposer une nouvelle demande.

  • Comment et dans quelles conditions assurez-vous ces missions ?
  • L’ADN étant basée sur deux sites, à côté de Caen et à côté de Rouen, nous sommes habitués à être mobiles, avec des ordinateurs portables. Nous étions donc bien équipés. Par ailleurs, dans le cadre du travail avec les filières et les territoires, nous sommes déjà amenés à effectuer des réunions dématérialisées. La transition a par conséquent été plus facile pour nous. Même si le télétravail s’accompagne aussi d’autres contraintes, notamment d’ordre personnel. La moitié de mon équipe, dont moi-même, avons par exemple des enfants en bas âge. Avec le déconfinement, on se dirige potentiellement vers une reprise en présentiel pour ceux qui le peuvent mais pour les autres, le télétravail se poursuit. In fine, ça ne change pas grand-chose pour nous car nous arrivons à bien fonctionner. Il a fallu aussi être en capacité de s’adapter au regard d’une situation qui évolue beaucoup. Il y a régulièrement des modifications du dispositif « Fonds national de solidarité », et on doit à chaque fois adapter l’outil, adapter notre instruction et nous adapter aussi intellectuellement. Mais aider les entreprises, c’est dans les gènes de l’Agence de développement.

  • Quel regard portez-vous sur cette crise et ses impacts ?
  • Il faut être prudent et nous n’avons pas encore assez de recul et de visibilité. Au départ, nous n’imaginions pas les conséquences que cette crise allait avoir à très court terme. Quel va être l’impact sur l’économie à plus long terme ? Nous avons du mal à le dire et même les études d’organismes spécialisés ne sont pas précises. Certains secteurs d’activité seront plus touchés que d’autres, comme la restauration, le tourisme… Les entreprises qui connaissaient déjà des difficultés avant la crise vont avoir énormément de mal à s’en sortir. Nous espérons que les dispositifs mis en place seront suffisants pour passer le creux de la vague et rebondir. Nous faisons aussi le maximum pour amortir le choc, la région Normandie réfléchit d’ailleurs à des dispositifs complémentaires pour aider les entreprises dans la durée.

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Service public : tout faire pour rester utile et efficace auprès des entreprises

Adaptabilité, réactivité, polyvalence : retrouvez les trois engagements de l’Agence de développement Normandie pour assurer sa mission.

  • Nouveaux services : mise en place d’un dispositif exceptionnel dédié aux entreprises avec notamment une hotline
  • Réorganisation, avec le télétravail pour tous qui se poursuit en déconfinement, avec un retour progressif en présentiel
  • Maintien des activités d’accompagnement pendant la période du confinement, pour notamment répondre au besoin de financement des entreprises.

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La MNT est reconnaissante aux agents et aux élus qui ont accepté de témoigner dans ce contexte de crise sanitaire et aussi à tous les interlocuteurs plus que jamais présents et mobilisés. La MNT les remercie pour leur engagement au service du citoyen, au service de la continuité du service public de proximité, de notre service public.

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