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Agent funéraire : se protéger très strictement

Pour Thierry Juares, directeur du centre funéraire* de Martigues dans les Bouches-du-Rhône (13), les conditions particulières de cette crise sanitaire nécessitent des mesures strictes de sécurité et de protection des agents des services funéraires.

Interview réalisée pendant le confinement, en avril 2020.

  • De quelle manière êtes-vous mobilisé et comment s’est organisé le centre funéraire ?
  • Le centre funéraire est fermé au public, mais la moitié de l’équipe est mobilisée par rotation. Les conseillers funéraires règlent l’organisation des obsèques au maximum par téléphone. Les porteurs effectuent le transfert des corps, les fossoyeurs et les agents crématistes restent également mobilisés. Une quinzaine d’agents se déplace pour aller chercher les défunts à leur domicile, dans les hôpitaux ou encore dans les Ehpad (établissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes), à Martigues et au-delà. L’accueil téléphonique est géré par le personnel d’astreinte 24 heures sur 24, comme habituellement (365 jours par an). L’organisation pour les cadres se fait en télétravail. Je suis donc la plupart du temps à domicile et j’échange par mail et par téléphone. Mais j’interviens sur site quand c’est nécessaire, pour la signature de documents ou pour voir les responsables de secteur, et pour m’assurer que tout va bien.

  • Quelles mesures ont été prises dans ce contexte de crise sanitaire ?
  • Nous limitons au maximum les contacts et avons mis en place des mesures strictes pour la protection des agents. Une procédure a été mise en œuvre concernant tous les équipements. Dès qu’ils sortent, ils doivent s’équiper de la tête aux pieds : charlotte, masque, lunettes de protection, gants, combinaison, sur-chaussures. Quand ils ont fini leurs interventions, ils doivent également respecter une procédure stricte : se déshabiller entièrement, tout mettre dans un sac qui est ensuite jeté, puis désinfecter le véhicule. Même lorsque s’agit d’une suspicion de coronavirus, nous intervenons comme si c’était un décès Covid-19 et nous appliquons la même procédure.

  • Quel est l’impact de cette crise ?
  • Quand le décès est lié au Covid-19, la mise en bière se fait immédiatement, c’est une obligation. S’il survient à l’hôpital ou en Ehpad, les agents vont chercher le corps de jour ou de nuit. Par ailleurs, les cérémonies ne sont plus autorisées. Au départ, nous étions inquiets des réactions des proches mais ils comprennent assez bien et l’acceptent. Pour les autres cas de décès, la loi autorise les cérémonies mais limitées à 20 personnes maximum dans les cimetières uniquement, y compris le personnel, avec seulement les plus proches (conjoint, ascendants et descendants). Pour l’heure (NDLR : au 16 avril), nous constatons effectivement un nombre important de décès (environ 20 % d’augmentation).

  • Quel est l’état d'esprit général ?
  • Les agents funéraires sont à la fois inquiets, prudents et vigilants. Cela nécessite beaucoup de précaution et de concentration. Il ne faut pas commettre d’erreur dans les interventions. Les personnels du centre funéraire sont comme les soignants et les pompiers, ils sont dévoués à leur métier. Ce qui m’importe, c’est d’être sûr d’avoir pensé à tout en termes de sécurité pour mon personnel. Au départ, d’ailleurs, les pompiers nous ont aidés pour nous fournir en masques mais nous avons ensuite trouvé des solutions.

  • Comment accompagner les familles pendant cette période ?
  • Le contexte est particulier. Les familles ne peuvent pas voir leurs proches, il n’y a plus de recueillement, ni de cérémonie sauf dans le cas d’une inhumation au cimetière. C’est plus difficile psychologiquement. Mais les conseillers funéraires ont l’habitude d’être avec un public qui est dans un état émotionnel particulier. Le centre funéraire est fermé, toutefois nous pouvons accueillir, en prenant toutes les précautions nécessaires, des personnes pour le choix du cercueil par exemple et nous avons aménagé la plus grande pièce pour recevoir les familles pour l’organisation des obsèques. Nous proposons aussi une cérémonie a posteriori, quand la crise sanitaire sera passée. Un service numérique complet est également ouvert aux familles, qui leur donne accès à des documents pré-rédigés nécessaires pour toutes les démarches après obsèques et qui permet des condoléances par vidéo.

* le centre funéraire comprend le crématorium et les chambres funéraires.

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  • Équipements et mesures strictes
  • Nouvelle organisation de travail
  • Mesures envers les familles

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La MNT est reconnaissante aux agents et aux élus qui ont accepté de témoigner dans ce contexte de crise sanitaire mais aussi à tous les interlocuteurs plus que jamais présents et mobilisés. La MNT les remercie pour leur engagement au service du citoyen, au service de la continuité du service public de proximité, de notre service public.

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