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Covid-19 : trois questions à Nicolas Fraix, chargé de mission fonction publique à l’ANACT

Afin d’être en mesure de tirer les enseignements de la crise sanitaire liée à l’épidémie du Covid-19 et améliorer les façons de travailler de demain, le réseau Anact-Aract a déployé une consultation portant sur la pratique du télétravail contraint en situation de confinement, sous la forme d’un questionnaire mis en ligne du 8 avril au 10 mai 2020. 3 778 agents du service public (sans distinction du versant employeur), en situation de télétravail dans le cadre du confinement, ont complété le questionnaire. Chargé de mission fonction publique à l'ANACT, Nicolas Fraix répond à trois questions dans le cadre du groupe de travail parlementaire que la MNT a lancé sur la santé des territoriaux.

Publié le 04-08-2020

  • Comment s’est faite la mise en télétravail des agents territoriaux pendant la crise sanitaire ? Comment ce basculement a-t-il été vécu par les agents ?
  • Si les chiffres laissent à penser que le télétravail a été organisé en urgence de façon satisfaisante dans ses principales dimensions, ils soulignent néanmoins que plus d’un agent sur trois travaille à distance dans un environnement de travail inadapté. On retrouve parmi cette population une majorité d’agents qui n’ont pas pratiqué le télétravail au préalable, et de personnels non-managers. Le fait que plus des deux tiers des répondants ont bénéficié d’une adaptation de leurs objectifs (69 %) et de leurs activités (77 %) dès le début du confinement est encourageant. Il serait utile de vérifier que de tels ajustements seront possibles dans la durée, de façon à prendre en compte les fortes évolutions des organisations, des moyens disponibles et des situations de chacun.

  • Dans quelle mesure le travail des agents sur site a-t-il été adapté ? Comment les agents ont-ils vécu cette période d’investissement plus important ?
  • De nombreux agents ont vu leurs tâches modifiées, afin de les concentrer sur des services incontournables. De nouvelles activités répondant aux besoins de la population ont été créées (par exemple, mise en place d’un service d’appel téléphonique pour les personnes âgées confinées à leur domicile), renforçant le sentiment de responsabilité des agents territoriaux vis-à-vis des usagers. Les relations professionnelles ont été davantage orientées sur le "comment faire" et ce, grâce à l’intelligence collective qui a permis la traduction des protocoles sanitaires en nouveaux gestes professionnels. Cependant, le coût sur la santé au travail est notable. Après la focalisation sur le risque sanitaire, il devient nécessaire de repenser la prévention des risques, dans sa globalité et articulée avec une organisation du travail évolutive.

  • En télétravail ou sur site, les relations entre les agents et leurs managers ont-elles évoluées ? Des mesures particulières ont-elles été prises pour soutenir les agents dans leurs missions ?
  • En télétravail, une large majorité des répondants a bénéficié rapidement de réunions régulières d’équipe et d’échanges avec leur manager. De même, plus des deux tiers des répondants estiment que le télétravail n’a pas modifié la qualité des relations de travail au sein de leur structure. Cependant, la moitié des répondants s’estime plus fatiguée qu’à l’accoutumée (avec davantage de femmes et de managers). Et près d’un agent sur cinq estime vivre actuellement des relations de travail dégradées par rapport à l’accoutumée. Ces résultats invitent à renforcer les pratiques managériales en matière d’écoute des situations individuelles, d’appui à l’articulation des temps de vie, de partage du sens au travail. Ils incitent également à outiller les managers en matière de régulation de la charge – un sujet qui se place au sixième rang seulement des thèmes abordés lors des échanges manager-agent.

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