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DGS du CDG 59 : encourager et accompagner, dans la prévention et la protection, la reprise des agents

S’appuyer sur les retours d’expérience de cette période pour faire évoluer l’offre de services et aider les collectivités toujours de façon réactive, tel est l’enjeu pour le centre de gestion du Nord (CDG 59). Pour Mathilde Icard, sa DGS, la priorité est au collectif et à la cohésion d’équipe, avec un retour de tous sur site en prenant soin de soi et des autres.

Interview réalisée en septembre 2020

  • En avril, vous aviez témoigné des changements liés à votre activité pendant le confinement et celle du CDG 59. Qu’est-ce qui a de nouveau changé dans votre travail depuis le déconfinement ?
  • Devoir être encore plus attentive aux enjeux de cohésion d’équipe. Cela nécessite un travail et une attention particulière de ma part et de la part du comité de direction pour que ces différents collectifs se soudent à nouveau. Un retour d’expériences a été mené pour que nous puissions construire les dispositifs à venir. Cela va conduire à des évolutions aussi bien internes qu’en termes d’offre de services pour les collectivités en période de crise.

  • Qu’est-ce qui a changé/évolué au niveau de l’organisation du centre de gestion, et dans les relations avec les collectivités ?
  • Les collectivités attendent que nous soyons très réactifs, particulièrement pour la gestion du personnel avec des outils statutaires nouveaux et des outils de prévention. Les collectivités attendent aussi de nous que nous soyons toujours à un niveau parfait d’actualité pour les alerter et les aider à anticiper, parce que l’évolution se fait au jour le jour, avec des textes qui se construisent sur la base des situations actuelles. Nous avons ainsi, à la rentrée, réactivé les webinaires pour les aider à intégrer toutes les mesures de prévention et les enjeux statutaires. Nous avons aussi recommencé à faire du présentiel pour certains travaux nécessitant de la co-construction mais en limitant les groupes à 10 personnes. Par exemple avec les collectivités et les syndicats qui travaillent en cette rentrée sur les enjeux du CHSCT, en partenariat avec l’ARACT (Association régionale pour l'amélioration des conditions de travail). Nous vivons une phase particulière, une phase de mise en œuvre d’expérimentations, à l’image de la dématérialisation de la gestion des instances médicales sur un bassin déterminé pour éviter les déplacements.

  • Quel est l’impact sur les services que vous proposez aux collectivités adhérentes au CDG ?
  • Les collectivités ont bien compris que le centre de gestion était là, à leurs côtés, de façon réactive. Nous avons ainsi la volonté de réfléchir à une offre de services adaptée aux collectivités en période de crise. C’est pourquoi nous lançons à la rentrée, avec des étudiants en parcours métiers de l’administration territoriale, une enquête auprès des collectivités sur leur retour d’expérience afin de voir comment ajuster notre offre en période de crise pour plus de fluidité et de rapidité. Et avec la montée en puissance du télétravail, nous sommes en train de nous rapprocher des collectivités pour mieux les accompagner en termes de sécurité, avec cet enjeu des attaques virales informatiques. Nous souhaitons tester avec elles des services pour proposer de nouveaux accompagnements.

  • Qu’en est-il pour vos agents qui étaient en télétravail pendant le confinement ? Comment se passe le retour dans vos locaux pour les agents ?
  • Il est compliqué pour certains de revenir. Mon enjeu est de ne laisser personne au bord du chemin. C’est pour cela que la reprise sur site en juillet était obligatoire. Il est important de récréer des liens mais sans pour autant repartir comme avant et que les employeurs accompagnent cette reprise sur le plan de la prévention. La tendance est d’ailleurs similaire dans les collectivités. J’ai aussi personnellement incité les personnes vulnérables à ce qu’elles reviennent pour ne pas générer de la désinsertion, avec des protocoles élaborés avec les médecins de prévention. N’oublions pas que le travail a des effets positifs sur la santé.

  • Quid du télétravail au centre de gestion ?
  • Nous allons nous appuyer sur les retours d’expérience pour organiser un "vrai" télétravail avec des règles claires, et non un travail à distance comme durant le confinement. Une expérimentation sera menée dans les prochains mois avec des agents volontaires pour des métiers qui peuvent télétravailler. Nous pourrons alors ensuite faire un bilan pour voir s’il y a lieu de le généraliser.

  • Quelles mesures sanitaires avez-vous mises en place pour prendre soin des agents à leur retour dans les locaux ou en dehors ?
  • Un sens de circulation a été instauré dans nos locaux et des mesures ont été prises pour l’accueil du public (plexiglas par exemple). Nous avons distribué à chaque agent des kits avec masques, lingettes désinfectantes, gel hydroalcoolique… c’est-à-dire tout pour se protéger et protéger les autres. Des protocoles pour chacun des métiers ont été mis en place, élaborés avec les agents et présentés en CHSCT. Nous avons anticipé l’obligation du port du masque et avons décidé de "mettre les pieds dans le plat" en réalisant des vidéos sur les raisons pour lesquelles ça nous agace de porter le masque et pour lesquelles c’est important. Ce sont des agents qui parlent aux autres agents. Nous sommes tous à bord du même bateau et il faut prendre soin de soi et prendre soin des autres.

  • Quelle est la principale difficulté en cette reprise d’activités ?
  • Tenir compte de ce qui s’est passé pendant la période de confinement et de déconfinement et, en même temps, se projeter dans l’avenir avec une vision rassurante, avec la nécessité de conforter les collectifs qui peuvent être pour certains fragilisés. En ce qui me concerne mon travail, c’est d’avancer, avec l’appui des directeurs et directrices, en envisageant plusieurs hypothèses. On essaye, on ajuste... Cette démarche itérative peut être fatigante mais a la vertu de générer des échanges et c’est efficace. Nous sommes à un carrefour des modèles managériaux, avec l’émergence d’un nouveau modèle de management fondé sur les principes du service public, ses spécificités, un modèle humain, qui s’appuie sur l’ensemble des indicateurs et sur l’ensemble de ses collaborateurs pour construire des stratégies.

  • Alors que les contraintes sont fortes, quelles sont vos motivations pour assurer votre mission de service public dans les conditions actuelles ?
  • Ma motivation, c’est justement le service public, plus que jamais. Nous avons pu voir à quel point nos services publics étaient absolument indispensables. A titre personnel, je continue de réfléchir à un modèle de management public qui ne réponde pas qu’à des enjeux économiques mais qui intègre aussi les conditions de travail des agents et la participation des usagers. C’est le bon moment pour avancer sur ces sujets.

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