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Dialogue social : après la crise sanitaire, comment le faire vivre autrement ?

Le 29 juin 2021, une webconférence organisée les Editions Weka et parrainée par la MNT, en partenariat également avec l’Association des DRH des Grandes Collectivités Territoriales, était consacrée à la transformation du dialogue social dans le cadre de cette crise sanitaire. Avec les regards croisés et témoignages de Mathilde Icard, Jean-Robert Massimi et Bruno Collignon.

Publié le 01-07-2021

Le constat est partagé. La crise sanitaire a fait évoluer le dialogue social dans la fonction publique territoriale. « Ça ne s’est pas affaibli et bien au contraire renforcé. Le dialogue social est intense depuis le début de la crise et encore aujourd’hui », estime Mathilde Icard, directrice générale des services du centre de gestion du Nord (CDG 59) et présidente de l’Association des DRH des grandes collectivités territoriales (ADRHGCT). S’agissant notamment du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), « c’est un dialogue plus vif, plus animé avec une présence renforcée des nouveaux élus qui s’impliquent, voire même un "trialogue" puisqu’il y a également l’État », témoigne son directeur Jean-Robert Massimi. « Le CSFPT fait la démonstration qu’un dialogue de qualité peut être mis en place. Mais il est évident que lorsque nous avons un texte qui a fait l’objet de tensions fortes en amont, il est très difficile que le CSFPT puisse niveler les oppositions fortes qui n’ont pas trouvé de consensus », analyse Bruno Collignon, ex-président durant deux mandats d’une organisation syndicale représentative, ayant siégé au CSPFT.

Nouvelle approche, nouvelles formes de dialogue social

« Ce qui est intéressant, c’est ce que la crise a révélé. Les faiblesses mais aussi les forces. Et la force, c’est que l’on peut s’organiser et dialoguer autour de problèmes communs en tant que partenaires et c’est très précieux pour la suite », constate Mathilde Icard. Et Bruno Collignon de poursuivre : « cette période a été également révélatrice de la capacité que nous avions à trouver à la fois d’autres formes d’échanges et de dialogue et peut-être révéler combien l’implication des uns et des autres avait du sens au sein de la fonction publique. Des échanges impactés par l’agenda avec la loi de Transformation de la fonction publique du 6 août 2009 et ses comités sociaux territoriaux, ses lignes directrices de gestion entre autres, et il a fallu aussi intégrer toute cette nouvelle approche de dialogue social... ».

Cette crise a bien souvent appelé à la mise en place de nouvelles formes de dialogue social. Mais attention pour Jean-Robert Massimi, « à l’informel qui gagne sur le formel au risque de discréditer les membres et les conseils ou comités officiels. Il faut que les employeurs jouent bien l’informel en relation avec le formel ». Et Mathilde Icard de souligner l’importance de la communication interne « pour toucher directement les agents et recueillir leurs besoins mais qui ne doit pas être utilisée pour court-circuiter les systèmes institutionnels et notamment le dialogue social. Charge à nous, employeurs, de bien utiliser ces outils pour veiller à ce que le management ressorte renforcé et également les organisations syndicales ».

Un dialogue social dans la confiance

« Le dialogue social sous un angle collectif, dans la FPT, les grandes collectivités en tout cas, ce n’est pas nouveau... Mais ça n’a pas empêché des discussions plus catégorielles, plus spécifiques, des conflits, des préavis de grève. Et finalement, notre culture du dialogue social est plutôt basée, même si je le déplore, sur le conflit et la réaction. Il y a du collectif mais avec encore beaucoup de chemin à faire. Et au travers des accords collectifs, nous allons pouvoir faire des choses », estime Mathilde Icard. Et de faire remarquer que l’administration n’a pas forcément la bonne culture de la négociation.

Pour Bruno Collignon, « le fait de pouvoir travailler en confiance est un élément fondateur de la qualité du dialogue social. Transparence et confiance sont probablement les deux mots clés qui devraient s’imposer à toutes les parties. Je suis certain que nous pouvons construire ensemble une relation de confiance et de transparence pour qu’enfin ce dialogue social puisse convenir à tous. N’oublions jamais que in fine, un texte de portée générale a des conséquences inéluctables sur chaque agent du service public ».

Dialogue social : reconnaissance, légitimité et qualité 

A été pointée du doigt la question de la reconnaissance du dialogue social liée à la légitimité et la compétence de tous les interlocuteurs. Pour Jean-Robert Massimi, si la qualité des intervenants importe précisant « qu’une formation est nécessaire », celle des sujets l’est également. « Il faut que chacun, employeurs et syndicats, s’investissent concrètement dans les sujets, souvent complexes, financiers, sociaux, sanitaires, etc. ». Et de citer l’exemple de la protection sociale complémentaire (PSC) qui, selon lui, « sera probablement le creuset d’un dialogue social renouvelé parce qu’il ne s’agit pas que de la PSC mais de la santé des agents ». Cette qualité des intervenants est également fondamentale selon Bruno Collignon mais ce dernier souligne une difficulté « lorsque les documents et textes proposés à discussion et soumis pour avis, ne sont adressés notamment aux représentants du personnel, que dans un délai qui est incompatible avec la prise de connaissance de l’ensemble d’un sujet parfois complexe et avec le temps de la consultation interne ». « Ce qui vient ternir de manière non négligeable la qualité du dialogue parce qu’on considère ne pas avoir été pris en compte de la manière aussi légitime qu’on est en droit de le souhaiter », poursuit Bruno Collignon. « La légitimité, la compétence des personnes, mais aussi des dispositifs institutionnels qui dépassent les personnes et qui sécurisent pour que le dialogue social reste », complète Mathilde Icard.

Enfin, s’agissant de l’impact du numérique qui a fait évoluer le dialogue social durant cette crise sanitaire, « c’est une bonne chose, pour autant que tous le veuillent, pour faciliter le dialogue », juge Jean-Robert Massimi. Mathilde Icard constate, pour sa part, que cela permet de « toucher autrement les personnes, à condition que ce soit bien discuté », évoquant par ailleurs les réseaux sociaux qui seront également importants avec « l’enjeu de bien cadrer et de bien communiquer sur ce qui est possible de dire ou pas ». Et Bruno Collignon d’estimer « que cela va peut-être aussi redéfinir le sens que nous donnons collectivement au principe même des réunions formelles : pour quoi faire, selon quelle fréquence… Mais nous avons aussi besoin, parce que nous sommes des êtres humains, de nous retrouver, d’être en contact et il nous appartiendra de trouver un juste équilibre ».

Voir le replay du webinaire du 29 juin 2021 sur la transformation du dialogue social.

Webinaire Weka MNT sur le dialogue social juin 2021

© Getty Images_sdecoret - Weka

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