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Grand âge : des dispositifs inspirants développés au-delà des frontières

La 28e étude de l’Observatoire MNT, « Les métiers territoriaux du grand âge, des professionnels du lien en attente de stabilité », explore les expériences innovantes conduites à l’étranger et les projets adaptés de ces modèles qui voient le jour à travers l’Hexagone.

Publié le 19-01-2023

Immersion dans le secteur d’activité consacré à la prise en charge du grand âge, la 28e étude de l’Observatoire MNT, Les métiers territoriaux du grand âge, des professionnels du lien en attente de stabilité permet de comparer le système français aux politiques publiques, dispositifs innovants et métiers développés en dehors de l’Hexagone autour de la problématique du vieillissement.

Favoriser le maintien à domicile

Premier enseignement de ce benchmark international : le ratio soignants-résidents est en défaveur de la France en comparaison avec les pays voisins. Ainsi, le ratio français est de 0,6 agent pour un résident (avec les fonctions support) contre un ratio de 1 à 1,2 agent en Suisse, en Allemagne ou au Danemark. Cette différence s’explique principalement par la tradition française de privilégier la prise en charge des personnes âgées au sein d’établissements spécialisés par rapport au maintien à domicile. Avec 21 % des personnes de plus de 85 ans accueillies en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), la France est l’un des pays d’Europe qui affiche, en effet, l’un des plus forts taux d’institutionnalisation. Dans les pays du nord de l’Europe comme la Suède, le Danemark, la Finlande et le Royaume-Uni, cette proportion atteint respectivement 14 %, 11 %, 8 % et 16 %, alors qu’elle est de 5% en Italie, 8 % en Espagne ou encore 3 % en Pologne.

Les auteurs de l’étude indiquent, par ailleurs, que de nombreux pays misent sur les communes pour organiser la prise en charge de la population âgée et dépendante, alors qu’en France, ce sont essentiellement les départements et les agences régionales de santé qui exercent une double tutelle sur les dispositifs, les personnels et les bénéficiaires. « Dans les pays de l’Europe scandinave, si les orientations budgétaires et réglementaires sont décidées au plan national ou régional, les municipalités sont pleinement responsables de l’organisation et de la fourniture des soins », est-il souligné dans l’étude.

Autre innovation mise en exergue : le cas du Danemark qui a choisi de professionnaliser la coordination et le suivi des parcours en inventant de nouveaux métiers tels le care assessor (évaluateur des soins), agent communal coordonnant les équipes médico-sociales chargées d’évaluer la perte d’autonomie ou le care manager (gestionnaire des soins), lui aussi agent communal, qui suit le parcours des personnes âgées pour leur permettre de s’adapter à l’évolution de leur dépendance et leur faire regagner de l’autonomie.

Nouveaux dispositifs, nouveaux métiers

Est également citée l’approche des Pays-Bas où l’arrêt de la construction de maisons de retraite a été décidé en 2013 au profit du maintien à domicile et de petites structures collectives sous la forme du béguinage. En outre, ce pays a développé deux modèles particulièrement innovants et performants. Il s’agit du dispositif Buurtzorg (soins de quartier) qui repose sur des équipes de six à douze infirmiers, sans responsable, prenant en charge jusqu’à 60 patients et du concept Hogeweyk (village Alzheimer) qui prend la forme d’un hameau où sont accueillies 150 personnes réparties dans 23 maisons par affinité de mode de vie et de goût.

Ces initiatives commencent à inspirer certaines structures françaises. Ainsi à Guingamp (Côtes d’Armor), l’Ehpad public « Kersalic » a entamé sa mue en 2015 en s’organisant « comme une commune avec un bourg, une mairie, un bistrot, une brasserie et une Poste ». « Ici, les résidents sont des habitants et peuvent participer à la vie de la communauté selon leurs capacités », témoigne un acteur social.
Autre exemple inspiré de l’étranger : la création du « Village landais Alzheimer » dans l’agglomération de Dax (Landes). Cette structure semi-ouverte accueille 120 résidents atteints de la maladie d’Alzheimer pris en charge par une équipe pluridisciplinaire de 120 personnes composée de médecins, infirmiers, assistants en soins gérontologiques, psychologue, ergothérapeute, psychomotricienne, animateurs mais aussi de personnels administratif et des services généraux et de bénévoles.

* L’étude Les métiers territoriaux du grand âge, des professionnels du lien en attente de stabilité s’appuie sur une soixantaine d’entretiens menés avec des agents territoriaux, des élus locaux et des experts ou personnes-ressources (CNFPT, centres de gestion, conseils départementaux, organisations syndicales, mutualistes du Groupe VYV, etc.).

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