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« Des moyens et une volonté de garantir la santé et la sécurité de nos collaborateurs »

Virginie Haldric, directrice générale adjointe modernisation et performance de l'administration au conseil départemental du Var (83), revient sur les mesures obligatoires et les moyens qui ont été mis en œuvre pour assurer la protection des agents en période de Covid-19, face à de nouveaux risques pour leur santé liés notamment au télétravail et plus particulièrement pour des équipes déjà en tension.

Propos recueillis en juin 2020.

  • Quelles sont les obligations légales de protection de sécurité et de santé des agents dans les collectivités ?
  • Des dispositions réglementaires (1) définissent les règles s’agissant de la prévention des risques professionnels que nous avons obligation de mettre en œuvre. Des obligations fortes qui pèsent sur nous pour garantir la sécurité et la santé physique et mentale de nos collaborateurs. Mais nos moyens sont assez nombreux pour y parvenir.

  • Quels sont justement les moyens dont vous disposez ?
  • Nous pouvons nous appuyer sur le dialogue avec le CHSCT pour toutes les questions relatives à la santé et la sécurité des agents, au Covid-19, etc. Mais également sur tous les moyens de la prévention et notamment le réseau des préventeurs qui compte 25 collaborateurs au département, animé par un collaborateur principal relevant de ma responsabilité de DGA. Il est très présent dans tous les travaux de la direction générale et participe aux comités de direction. C’est une volonté du DGS qui marque son attachement aux questions de santé et de sécurité des agents et à la sensibilisation à ces questions de tous les directeurs, des 20 directions. Les directeurs sont ainsi missionnés, dans le cadre du document unique d'évaluation des risques professionnels, en tant que responsables des sujets santé et sécurité auprès de leurs équipes au quotidien. Enfin, le service de santé et sécurité au travail avec la médecine de prévention est un outil majeur dans cette période de Covid-19.

  • Que contient votre plan de reprise d’activités ?
  • Nous l’avons bâti en se calant stricto sensu sur les consignes données par le gouvernement. Après avoir recouru massivement au télétravail partout où cela était possible (le département du Var est passé de 15 collaborateurs en télétravail à près de 2 000 sur 5 000 pendant la crise), à chaque fois que les conditions s’y prêtent et sont favorables et que nous pouvons le faire, nous faisons revenir les agents au travail et, même, les y incitons. Nous sommes dans une situation où la structure cherche ses marques entre une confiance légitime et des retours inquiétants.

  • Quels risques professionnels sont apparus durant cette crise ?
  • Nous avons surtout fait un constat concernant le télétravail : pour un certain nombre d’agents, notamment d’exécution, il est très complexe à vivre aussi intensément, avec une cohabitation vie familiale et vie professionnelle difficile à assumer, et des problématiques liées aux conditions de travail dans ce contexte. Ces difficultés se sont traduites par l’expression d’un stress, de fatigues musculaires, d’un surinvestissement, d’une incapacité à déconnecter. Nous avons été assez vite en alerte sur ces sujets. Je suis moi-même très familière du télétravail et, personnellement, en alerte et à l’écoute de potentielles difficultés.

  • Quelles sont les mesures mises en place pour les prévenir ?
  • Pour accompagner le télétravail, nous avons réalisé un guide et mis en place des sessions de webinaires durant lesquelles nous invitions tout un chacun à réfléchir sur les aspects posture, organisation de l’espace de travail, gestion du droit à la déconnexion… Au sein de ma direction générale, j’ai également fixé des règles simples avec les directeurs limitant les envois de mails entre 8 heures et 18 heures les jours ouvrés, établissant des espaces de respiration les mercredis après-midis, sauf urgence, etc. Nous nous sommes beaucoup appuyés sur les équipes du service santé au travail pour qu’un dialogue soit organisé avec chaque agent du département, pour être pleinement à l’écoute. Et les médecins de prévention ont vraiment eu à cœur d’être disponibles. Il y a en effet, pour les agents, un contact avec eux dans la confiance. Nous avons aussi développé tout un outillage d’affichettes et de documents de sensibilisation. Beaucoup d’informations ont été communiquées par mail pendant la crise sanitaire pour maintenir le lien. Nous avons enfin créé un espace spécial Covid-19 sur l’intranet avec toutes les informations officielles.

  • Quelles ont été, ou sont encore, les difficultés rencontrées, notamment par les équipes ?
  • La grande difficulté est celle de la redescente d’informations et des bonnes pratiques jusqu’au bas de la hiérarchie. C’est particulièrement le cas pour les personnels de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) qui sont très éloignés. Aujourd’hui, comme depuis le début, il s’agit de l’équipe potentiellement la plus fragile. Nous avons d’ailleurs mis en place un dispositif exceptionnel pour soutenir le centre départemental de l’enfance avec une ligne qui m’est directement rattachée pour répondre immédiatement en cas de tensions, d’incompréhension, de consignes non ou mal comprises… Il y a eu pendant la crise sanitaire deux droits de retrait dans cette équipe, et beaucoup de fatigue. Le besoin d’apporter du soutien est primordial, particulièrement là où les fragilités s’expriment.

  • Quel est l’impact de cette situation inédite sur votre rôle en tant que DGA ?
  • Je me suis fixée très vite une ligne : constituer un pôle stable, optimiste et serein dans la collectivité. J’ai proposé à mes collaborateurs une ressource aussi sereine que possible. Je me suis également efforcée d’être, pour le DGS et la cellule de crise, un référent sur la partie réglementaire et textuelle pour coller à la loi qui était dans un tourbillon d’évolution. J’ai souhaité, par ailleurs, propulser un certain nombre de messages importants et utiles pour la suite, la collectivité étant engagée dans une transformation. Il y a là une opportunité pour changer des pratiques, basculer vers plus de collaboration. Pendant la crise sanitaire, j’ai eu notamment à cœur d’animer des espaces de travail où je me posais essentiellement en facilitatrice. Nous sommes dans une période pleine d’incertitudes, de flottement avec des consignes nationales de déconfinement et un cap à maintenir au niveau local en demandant à nos équipes de demeurer attentives. Pour les élus, il est important que la vie reprenne. Il faut arriver à terme à une juste posture entre impatience et prudence.

(1) Décret n°85-603 10 juin 1985 modifié.

© DR - Annemasse Agglo - Gilles Bertrand

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