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Des pistes pour aider les DGS à parachever leur transformation

Une étude conduite par le sociologue Jérôme Grolleau pour l’Observatoire MNT, « Directeur général des services : DGS, que deviens-tu ? », préconise que les collectivités apportent un soutien plus important à leur DGS dont le rôle s’est transformé sous l’effet des réformes institutionnelles et des crises successives.

Publié le 10-12-2021

Confronté à de nombreuses réformes politiques et institutionnelles, à des mutations sociétales sans précédent et à une succession de crises (écologique, sociale et sanitaire) inédites, le directeur général des services (DGS) a dû se réinventer au cours du dernier mandat municipal (2014-2020). Jamais les femmes et les hommes chargés du pilotage de l’administration territoriale n’avaient eu, en effet, à organiser les politiques publiques locales dans un environnement aussi mouvant et incertain, à gérer autant de situations génératrices de suractivité et de stress.

Une récente étude publiée par l’Observatoire MNT, Directeur général des services : DGS, que deviens-tu ?, analyse de façon très précise la manière dont les DGS ont traversé cette période si complexe. Comment ont-ils fait évoluer leur mission ? Comment les rapports entre le responsable opérationnel de la collectivité et les élus se sont-ils transformés ? Comment de nouvelles pratiques territoriales ont-elles émergé en accordant une place plus importante aux agents, aux usagers et à des partenaires issus d’un territoire élargi ? Autant de questions auxquelles répond ce travail d’enquête réalisé sous la conduite du sociologue Jérôme Grolleau.

Basée sur une série de 41 entretiens menés entre octobre 2019 et juillet 2020 avec des DGS de structures communales, intercommunales et départementales et avec différents acteurs de la sphère territoriale (syndicalistes, responsables d’associations professionnelles, élu local…), cette étude ne se limite pas à constater les mutations qui ont fait bouger les lignes de l’action du directeur général des services. Elle ébauche également des pistes de réflexion pour aider le DGS à s’adapter aux situations nouvelles engendrées par la refonte de sa pratique professionnelle.

Développer une nouvelle dynamique professionnelle

Selon Jérôme Grolleau, l’un des effets les plus sensibles des bouleversements ayant affecté les collectivités au cours de la dernière période, a incontestablement été l’intensification de la vie professionnelle du DGS. « Les changements incessants ont généré une suractivité saturant leur quotidien. La charge mentale liée aux sollicitations numériques multiples, aux enjeux, aux questionnements que suscite une société plus opaque est massive, leur exposition est donc grandissante », remarque-t-il notamment. Pourtant, même si cet emballement a pu provoquer des moments de saturation mentale, d’épuisement, voire de déstabilisation de la vie personnelle chez certains DGS, le sociologue souligne que globalement « ce corps professionnel n’est pas en souffrance » car les DGS jouent un rôle central et « passionnant » dans ce moment de transformation sociétale.

Néanmoins, l’étude préconise d’ouvrir quatre chantiers pour aider le DGS à opérer sa mue. La collectivité peut d’abord lui proposer un accompagnement professionnel « de type coaching ». Par ailleurs, des dispositifs ad hoc permettront d’évaluer l’action de celui-ci. Autres pistes : consolider le collectif de la direction générale afin de confronter les points de vue avant les prises de décision et renforcer l’assise institutionnelle, notamment pour mieux appréhender le risque pénal auquel peut s’exposer le DGS par des actes engageant sa responsabilité.

Affirmer le rôle de stratège territorial

Les crises récentes, en particulier celle de la Covid-19, ont progressivement conduit le DGS à endosser un rôle de plus en plus stratégique. « Plus qu’un chef d’orchestre, il devient également compositeur », note Jérôme Grolleau. Pour faciliter cette évolution, le chercheur propose que l’organisation territoriale engage trois axes de travail. Il s’agit d’instaurer des temps collectifs dédiés à la réflexion et au débat entre les élus et l’administration, de mettre en place de nouveaux outils stratégiques (étude, projet stratégique, label, scénarii, etc.) et d’accorder une plus grande reconnaissance à la fonction de directeur général des services.

Accompagner la montée en régime de l’intercommunalité

Si les crises successives ont accéléré la transformation du rôle du DGS, celle-ci avait déjà été amorcée par la montée en puissance de l’intercommunalité et les transferts de compétences qui lui ont été associés. « Comme dans toute période de forte mutation, les blocages ou les régressions sont tout aussi présents que les avancées significatives », est-il précisé dans l’étude en mettant en évidence l’interdépendance qui lie désormais l’action des DGS d’un même ensemble communautaire. Sur ce point, Jérôme Grolleau propose aux collectivités de travailler dans trois directions : construire une vision stratégique partagée à travers la mise en place d’un projet de territoire du bloc local, construire un portefeuille de projets et élaborer une méthodologie à l’échelle de l’intercommunalité, à savoir établir collectivement les diagnostics et les enjeux et construire collégialement le référentiel de l’action de l’interco.

Mieux intégrer l’entrée en scène des usagers

Enfin, l’étude de l’Observatoire MNT se focalise sur un point qui semble essentiel pour une grande partie des acteurs publics interrogés : l’entrée en scène des usagers. Notant que la « co-construction avec les usagers devient une pratique plus régulière », et que « les dispositifs de participation à la décision se multiplient », l’étude propose aux collectivités de se « professionnaliser » en maîtrisant mieux l’usage des techniques participatives et en déjouant les pièges que cette pratique peut engendrer. Autre piste avancée : le développement de l’esprit d’enquête afin d’analyser en aval les conditions de vie des habitants et ne pas rester centré sur la simple « expérience usagers » et de développer en amont de véritables dispositifs d’évaluation. L’étude suggère, par ailleurs, de « faire éclore des collectifs agissants ». Jérôme Grolleau conclut : « La Covid-19 a suscité de multiples initiatives citoyennes, l’enjeu est désormais d’élargir la base des producteurs de l’action publique locale aux citoyens et aux partenaires ».

Observatoire MNT étude 24 sur les DGS, couverture du cahier

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