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Risques psychosociaux : prévenir et agir

Le 23 novembre, la MNT et Weka, avec SMACL Assurances, proposaient une webconférence pour appréhender et agir sur les risques psychosociaux au travail, particulièrement dans un contexte de crise sanitaire qui les a accentués, voire même révélés. Avec les interventions de deux experts, Florence Carruel, médecin de prévention et présidente de l’Association nationale de médecine préventive des personnels territoriaux (ANMPPT) et Laurent Lorimier, psychologue du travail et consultant en santé au travail.

Publié le 25-11-2021

Les risques psychosociaux (RPS) sont par définition (rapport Gollac) des risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental des salariés. « Les RPS sont ainsi souvent associés à une situation de travail dégradée qui a différents impacts, notamment le stress. L’enjeu aujourd’hui est d’orienter les actions sur ces situations de travail, avec des contextes différents de Covid, télétravail… qui vont modifier la façon dont on va travailler », analyse Laurent Lorimier, psychologue du travail et consultant en santé au travail.

« Ces risques complexes interrogent les organisations et c’est parfois un sujet tabou lorsqu’il n’est pas culpabilisant. Et effectivement nous avons vu des changements d’organisation de travail liés à la pandémie ou au télétravail, ou aux deux d’ailleurs avec, suivant les moments de cette pandémie, une sous charge ou une surcharge de travail, un climat anxiogène en particulier pour le personnel qui recevait le public, la cristallisation de conflits, les questionnements sur les parcours professionnels et le sens du travail, beaucoup de souffrance chez les encadrants par un manque de projection et de lisibilité... », constate Florence Carruel, médecin de prévention à Noisy-le-Grand (93) et présidente de l’Association de médecine préventive des personnels territoriaux (ANMPPT).

RPS : des actions principalement tertiaires et curatives

Pour agir, trois niveaux de prévention existent : en amont avec la prévention primaire (réduire ces risques à la source) et la prévention secondaire (mieux armer, outiller les agents, ce qui passe souvent par le volet formation, pour réagir à la situation), et en aval avec la prévention tertiaire (accompagnement des agents en difficulté, en détresse ou en souffrance, à la suite d'un retour d’arrêt ou qui manifestent des premiers symptômes).

« Aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’actions autour du tertiaire, une approche plus individuelle alors que les approches primaire et secondaire sont plus collectives et en amont. Elles demandent donc beaucoup plus d’anticipation. Un bon plan d’actions, c’est réussir à chercher à avoir des actions sur les trois niveaux », note Laurent Lorimier. Un avis partagé par Florence Carruel : « On le constate au quotidien. Il est plus facile de percevoir un risque et de mener une action curative que d’anticiper les choses, de les prendre de façon globale pour mettre en place des solutions collectives durables ».

Des enjeux d’évaluation et de déploiement des actions

« D’une part le code du travail avec l’article 4121-1 oblige les employeurs à préserver la santé et la sécurité de leurs salariés, d’autre part sur les RPS, l’accord-cadre de 2013 relatif à la prévention dans la fonction publique a fixé les obligations des employeurs à une date limite de 2015 pour élaborer un plan d’actions et de prévention des risques, rappelle Florence Carruel. Or, on se rend compte que beaucoup de collectivités n’ont pas réalisé d’évaluation des RPS et encore moins mis en place de plan de prévention, en particulier des petites collectivités qui ne savent pas comment s’y prendre. Il y a également des freins liés à un manque de portage managérial et des élus. »

Autre constat : la difficulté à avoir des évaluations et un suivi dans le temps des actions dans les collectivités pour différentes raisons (changement de personnes ou d’organisation, manque de budget ou de culture partagée de prévention…). Selon Laurent Lorimier, « l’enjeu est de mettre en place des actions concrètes qui vont réduire les situations dégradées. Bien souvent un diagnostic a été réalisé, avec un plan d’actions. Par contre l’une des difficultés, c’est le déploiement concrètement au quotidien, dans les services, au niveau des agents ».

Démarche définie et diagnostic partagé 

Exemple de modèle d’intervention. C’est d’abord, pour Laurent Lorimier, se mettre d’accord sur la démarche, sur ce que l’on va faire, la façon dont on va le faire (par exemple faire participer les agents sur certains sujets et pas sur d’autres), et les moyens utilisés. C’est ensuite réaliser un diagnostic partagé, avec l’enjeu de parler du travail (outil de l’Anact, Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) ; « que les acteurs eux-mêmes, les agents avec leur responsables puissent parler des problématiques de travail, essayer de comprendre les conséquences que cela génère mais aussi les causes qui vont générer ces situations de tension... », relate Laurent Lorimier.

Plusieurs outils pour un diagnostic partagé :

  • l’entretien individuel, l’entretien collectif (selon la situation ; si elle est très dégradée, le collectif n’est pas le bienvenu) ;
  • les questionnaires (pas forcément adaptés pour des petites collectivités) ;
  • les indicateurs (exemple : y a-t-il une bonne ambiance dans le service, entre agents et avec le N+1).

Des plans d’actions concrets, proches des agents

Après ces deux étapes, il s’agit ensuite, à partir des causes identifiées, de proposer des pistes d’actions et d’élaborer un plan intégré d’actions, avec l’enjeu du collectif et l’importance en particulier d’inclure les agents, qui doivent être acteurs. Enfin, la dernière étape est de mettre en place les actions et au bout d’évaluer si elles ont eu un bénéfice sur les agents et leurs conditions de travail, si l’obligation de résultat est remplie… Et Florence Carruel de préciser : « Il vaut mieux des petits plans d’actions concrets, proches des agents pour qu’ils voient effectivement les effets sur leur quotidien de travail plutôt que des grands plans transversaux où on ne sait pas qui est en charge de quel projet et finalement au bout de la chaine, les agents ne voient rien venir sur leurs conditions de travail ».

Revoir le webinaire du 23 novembre 2021.

Webinaire Weka MNT SMACL - Prévenir et agir sur les risques psychosociaux

© Jo Panuwat D - stock.adobe.com / Weka

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