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Travail en mode hybride : retours d’expériences et analyses au Club RH de Niort

« L’hybridation du travail comme nouveau modèle d’organisation » était le thème choisi par La Gazette pour son troisième Club RH, qui s’est tenu pour la première fois de l’année en présentiel, le 9 novembre à Niort. La rencontre, organisée en partenariat avec le centre de gestion des Deux-Sèvres, avec le soutien de la MNT, a proposé un tour d’horizon des démarches engagées et des stratégies à adopter pour tendre vers un modèle de fonctionnement et de management prenant en compte le présentiel et distanciel.

Publié le 16-11-2021

« La crise sanitaire a provoqué des changements dans l’organisation du travail sur lesquelles il sera difficile de revenir », a d’emblée fait remarquer Emmanuelle Vignaux, directrice générale adjointe du pôle ressources et sécurité civile de la ville de Niort, en ouverture de la première table ronde du Club RH de Niort dédiée à des retours d’expériences. Et de dresser, à l’appui de son affirmation, la liste de ces transformations : changement de vision des organisations syndicales vis-à-vis du télétravail, davantage d’horizontalité, élargissement et accélération de l’accès à l’information, obligation de faire confiance et de donner de l’autonomie aux agents, polyvalence et agilité accrues. Elle rapporte également « un lien plus distendu avec les lieux du travail et avec le travail lui-même ».

Espaces de convivialité et efficacité

Ces nouvelles réalités soulèvent des enjeux de cohésion, de créativité et de maintien de la productivité. En réponse, Emmanuelle Vignaux avance la nécessité « d’aménager lieux de convivialité informels, même petits » et d’apporter des réponses aux « attentes d’efficacité qui se sont manifestées après le confinement ». « Depuis un an, j’expérimente les réunions d’une demi-heure, et même debout. Cela oblige à garder le cap et à se concentrer », illustre Emmanuelle Vignaux. « Il faut recentrer les réunions en présentiel sur la manière dont on travaille ensemble », estime de son côté Olivier Sagot, responsable de la mission prévention santé sécurité à la communauté d’agglomération du Niortais.

Risques de TMS et de RPS

La mise en place d’un fonctionnement en mode hybride passe par la déconstruction du ressenti par rapport au télétravail pendant le confinement, « qui n’était pas du travail à distance normal », explique Oliver Sagot. Ce télétravail « dégradé » a toutefois servi à mettre en exergue des difficultés préexistantes et les risques de TMS et de RPS, sur lesquels il est indispensable d’agir. « Il faut informer les agents pour garantir des conditions de travail à domicile comme au bureau et ne pas négliger le fait que la maison est un espace de liberté individuelle dans lequel on introduit des contraintes professionnelles », rappelle l’expert en prévention santé sécurité. Le droit à la déconnexion devrait être une obligation. Un système de pointage à distance peut aussi être utile. En conclusion de son intervention, Oliver Sagot insiste sur l’importance de « penser le télétravail en complémentarité avec le travail en présentiel ».

Sortir de la crise avant d’agir

Laure Peraudeau a porté la parole du conseil départemental des Deux-Sèvres, dont elle est la directrice adjointe aux ressources humaines. À rebours de la plupart des collectivités, qui se sont lancées dans l’expérimentation ou l’encadrement du télétravail, son employeur a fait le choix de temporiser. « Nous avions mené une expérimentation et étions prêts à nous lancer quand le confinement a été annoncé. Mais nous estimons aujourd’hui qu’il est nécessaire d’attendre d’être totalement sorti de la crise pour le mettre en œuvre », indique Laure Peraudeau. Avec l’idée que le collectif doit être la priorité. « Le travail à distance met à mal le triptyque individuel-collectif-objectifs », avance la DRH adjointe.

Amélioration des conditions de travail 

Au sein de la communauté de communes Mellois en Poitou, l’expérimentation du télétravail a été lancée en septembre 2021 pour cinq mois. « Nous réaliserons un bilan de février à juin 2022, avec l’objectif d’une généralisation à l’automne dans un cadre sécurisé. Nous ne voulons pas nous précipiter », a expliqué Sylvie Cousin, vice-présidente en charge des ressources humaines. Le choix a été fait d’intégrer le télétravail dans la démarche RPS et QVT, engagée avant le début de la crise, pour en faire un élément d’amélioration des conditions de travail et de performance. En étant très attentifs à la question de l’égalité de traitement. « Il est absolument nécessaire de resituer le télétravail dans le collectif », considère Sylvie Cousin. Les outils (charte, convention et formulaire de candidature) ont été définis avec tous les acteurs de la collectivité, y compris des agents de terrain.

Bien vivre le travail

La seconde table ronde proposait un croisement de regards sur les risques du travail en mode hybride et les clés de sa réussite. Sandrine Blanché, chargée de mission à l’ANACT, a rappelé que « l’environnement relationnel, matériel, le sens et l’objectif, la capacité à agir et à s’exprimer sur son travail » sont des éléments fondamentaux pour bien vivre le travail. Le télétravail doit être considéré comme une opportunité pour convoquer ces différents aspects. Notamment en ce qu’il rebat les cartes du temps de présence au bureau qui « n’est plus une unité de mesure et d’évaluation ». Pour Sandrine Blanché, l’hybridation est un moyen de rendre sa collectivité adaptable et une occasion « d’embarquer la QVT dans chaque réorganisation ou modification d’action, en se posant la question de ce qui fait qu’on passe une bonne journée de travail ». Mais pour pouvoir s’ajuster en permanence, il est nécessaire de « prendre le temps de structurer les échanges sur le travail ».

Le management délégatif pour s’adapter aux changements

Jean-René Moreau, président de l’Observatoire MNT a insisté sur les atouts du management « délégatif » pour s’adapter aux changements. Un management qui oblige à « accepter les erreurs et permet de les rectifier », « nécessite de gérer l’inquiétude et d’anticiper avec différents scénarios ». Mais chacun doit exactement savoir ce qu’il a à faire. Il ne s’agit pas de « délégation abandon ». « Il faut prévoir de la restitution. Car rendre compte c’est aussi se rendre compte de son travail », estime Jean-René Moreau.

Sylvie Cousin a conclu la matinée avec sa casquette de vice-présidente du centre de gestion des Deux-Sèvres. L’occasion pour elle de présenter les « commandements du télétravail » tirés de l’analyse des documents de cadrage soumise par les collectivités au comité technique départemental. L’occasion aussi d’annoncer le lancement d’une enquête auprès des collectivités des Deux-Sèvres pour disposer d’un état des lieux sur la mise en œuvre du télétravail. Avec en ligne de mire le déploiement d’une offre d’accompagnement en 2022.

Mme Cousin, vice-présidente du CDG79, M LECOINTE Président CDG79, M LEPRIEUR Président Délégué MNT 79, M DEVENDEVILLE Directeur CDG79, Matthieu TANGUY, Responsable secteur MNT

Légende photo : lors du Club RH du 9 novembre, la MNT a remis le trophée du Prix santé et mieux-être au travail 2021 au centre de gestion des Deux-Sèvres, lauréat dans la catégorie Prix spécial CDG. De gauche à droite, Mme Cousin, vice-présidente du CDG79, M. Lecointe, président du CDG79, M. Leprieur, président délégué MNT du 79, M. Devendeville, directeur du CDG79, et M. Tanguy, responsable de secteur MNT.

© Adobe Stock, La Gazette des communes, MNT

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