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Un DGS de plus en plus stratégique et managérial

Face aux mutations structurelles du monde territorial et à l’impact des crises sur le fonctionnement des collectivités, le rôle du directeur général des services s’est réinventé. La 24e étude de l’Observatoire MNT, « Directeur général des services : DGS, que deviens-tu ? », analyse ce processus complexe et irréversible.

Publiée le 17-11-2021

Réformes institutionnelles, remodelage du système territorial, contraintes budgétaires accrues, digitalisation de l’action publique, impact des crises successives (terrorisme, "Gilets jaunes", Covid-19…) sur les modes de vie des usagers et sur le rapport des agents au travail : les directeurs généraux des services des collectivités ont vu leur cadre professionnel se transformer à grande vitesse au cours de ces dernières années. Si ces changements incessants ont généré chez eux une suractivité pouvant parfois saturer leur quotidien, ils ont également progressivement modifié leur rôle au sein de l’organisation territoriale.

C’est ce que montre la 24e étude publiée par l’Observatoire MNT dans le cadre de la série « Métiers territoriaux et santé au travail ». Conduite par le sociologue Jérôme Grolleau, cette récente étude s’appuie sur 36 entretiens non directifs de DGS (communes, EPCI, conseil départemental) réalisés entre octobre 2019 et juillet 2020 et sur de nombreux échanges avec des représentants syndicaux et associatifs, ainsi qu’avec un élu local.

Le DGS partie prenante de l’élaboration des stratégies de la collectivité

Premier constat de l’étude : le DGS d’aujourd’hui joue un rôle plus actif dans l’élaboration des stratégies des collectivités. Même si le récent renouvellement des élus municipaux et communautaires a pu se traduire par des situations où le politique avait la tentation de marquer son emprise sur l’administration territoriale, le cantonnement du DGS à un simple rôle d’exécutant reste très marginal. Au contraire, Jérôme Grolleau constate que les femmes et les hommes en charge du pilotage opérationnel des collectivités participent désormais pleinement à la construction des politiques publiques locales. Entre élus et DGS se développent, en effet, « de nouvelles relations plus coopératives », souligne Jérôme Grolleau qui note, par ailleurs, que « le pouvoir de l’élu sur le DGS s’articule à un pouvoir avec son DGS, afin d’augmenter le pouvoir de l’action publique locale ».

Sur le terrain, le sociologue a notamment observé que la confrontation des points de vue entre le décideur politique et le chef d’orchestre de l’administration territoriale s’avère productive et se traduit par une densification de l’activité du DGS. J. Grolleau cite ainsi les nombreux actes du DGS qui reflètent cette nouvelle donne : transformation des structures, évolutions du service rendu, réorientation des politiques publiques, mobilisation d’outils stratégiques, accentuation des relations externes.... « Le DGS adopte alors une posture plus proactive et engagée, il contribue à l’écriture stratégique du projet », remarque l’auteur de l’étude.

Montée en puissance de l’action managériale du DGS

Outre son nouveau positionnement par rapport à l’élu, le DGS a fait évoluer sa pratique managériale au cours des dernières années. Une évolution dictée en grande partie par l’émergence d’une sphère territoriale redessinée par les fusions de collectivités, les transferts de compétences et les baisses des dotations de l’État. Pour accompagner ces changements, le DGS a nécessairement dépensé beaucoup de temps et d’énergie pour réorganiser la collectivité, restructurer les services, accompagner les agents dans cette période de ruptures et de remise à plat des organigrammes.

Dans ce contexte, l’étude décrit une « montée en puissance de la question managériale » qui se traduit par la mise en œuvre de nouveaux objectifs pour le DGS. Ce dernier doit, en effet, impulser un processus inédit de transformation progressive du système managérial de la collectivité. Pour Jérôme Grolleau, il s’agit notamment d’« engendrer des communautés de travail plus coopératives, de rendre la relation managériale moins verticale ou encore de redonner du pouvoir au terrain et aux agents ». Estimant que le DGS d’aujourd’hui est « bien plus qu’un animateur ou un facilitateur », le sociologue affirme que le chef de l’administration territoriale est désormais « un producteur de relations renouvelées ».

Observatoire MNT étude 24 sur les DGS, couverture du cahier

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