mnt - collectivités

Vers un nouvel absentéisme plus long, plus grave dans la FPT

La MNT et Weka organisaient le 9 novembre dernier une webconférence consacrée à la problématique d’un absentéisme long, avec des arrêts plus graves, qui semble désormais s’installer dans la fonction publique territoriale. Marc Bertolini, DGA Assurances et services à la MNT, et Hélène Guillet, DGS du centre de gestion de Loire-Atlantique et présidente déléguée du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT), partenaire de cette webconférence, ont partagé données, analyses et réflexions sur le sujet.

Publié le 17-11-2021

Premier constat s’agissant des arrêts longs, ou arrêts de plus de 90 jours : leur fréquence se stabilise mais à un niveau encore très élevé comme l’explique Marc Bertolini, directeur général adjoint Assurances et services à la MNT : « Entre 2015 et 2020, plus de six agents sur 100 ont eu un arrêt de travail de plus de trois mois au cours de l’année ». (1) Autre constat : une gravité des arrêts en augmentation, avec notamment une durée des arrêts sur les cinq dernières années qui progresse de 1 à 2 % tous types d’arrêts confondus et une très forte hausse de la fréquence des mises en disponibilité qui touchent surtout les fonctionnaires physiquement inaptes et ayant épuisé leurs droits à congés (en attente d’un reclassement et en attente de l’avis du comité médical ou de la commission de réforme).

Vieillissement et allongement de la durée d’activité

A l’origine de cette évolution, plusieurs causes et notamment :

  • le vieillissement de la population et donc des agents
  • et l’impact de la réforme des retraites, à partir de 2011, avec une proportion d’agents de plus de 60 ans devenue plus importante, des agents qui sont les plus exposés aux maladies les plus graves ce qui tend donc à augmenter la sinistralité.

« Dans cette logique d’une dégradation de l’absentéisme, relate Marc Bertolini, il est à noter selon les statistiques de la CNRACL, une légère augmentation de la fréquence d’entrée en invalidité depuis 2015, en lien avec le vieillissement de la population et par conséquent la gravité des arrêts. Nous avons ainsi constaté qu’un agent de plus de 55 ans en arrêt longue maladie, depuis plus d’un an, ne reprenait pas son activité une fois sur deux et passait en invalidité ». Ce qui soulève aussi la problématique de la gestion de fin de carrière, « dans un contexte où il est question d’allonger encore la durée d’activité des agents, selon Marc Bertolini, avec une réforme des retraites qui s’annonce ».

Une aggravation liée entre autres à la crise sanitaire

Autre hypothèse partagée par Hélène Guillet, directrice générale des services du CDG 44 et constatée par le SNDGCT à l’occasion du renouvellement des exécutifs locaux en 2008, 2014 et 2021 : « une dimension de complexité de l’action publique, des pressions et tensions des agents publics dans les relations avec les exécutifs locaux au sens large, qui sont aussi probablement un élément d’explication d’un certain nombre de risques pyschosociaux (RPS) qui émergent de façon très forte et donc d’arrêts ».

La crise sanitaire, qui plus est dans ce contexte électoral, a amplifié également un certain nombre de situations déjà latentes. « Cette période, d’ailleurs pas terminée, rappelle Hélène Guillet, a provoqué aussi des épuisements plus importants avec des équipes qui ont tâché de tenir bon, puisant dans leurs ressources physiques et mentales ». Cela renvoie, selon la DGS, à la manière de s’en emparer pour sortir d’une "sorte" de spirale arrêts de travail courts, longs, plus graves et de passer de la logique de subir à redonner du souffle, de l’envie. « Ces taux de mises en disponibilité sont quelque part révélateurs d’un type de fuite de la fonction publique, lié aussi à la question de son attractivité ».

TMS et RPS pour la majorité des arrêts de travail 

Ce phénomène d’épuisement que souligne Hélène Guillet, Marc Bertolini le partage : « nous le constatons, même si nous n’avons pas encore eu d’impact direct sur un absentéisme long, au travers une augmentation de la fréquence des arrêts de travail liés à la santé mentale ». D’après les principales pathologies constatées par le service médical de la MNT, pour 85 % environ des arrêts de travail, cela concerne des troubles musculo-squelettiques (TMS), des affections psychiques et des RPS. « Des risques importants pour nous à la MNT parce qu’ils sont aujourd’hui dans les premières causes de l’absentéisme, et notre rôle de mutuelle va être d’accompagner les collectivités dans leurs démarches de prévention et de bien-être au travail ».

Et Hélène Guillet de poursuivre : « nous pouvons agir mais cela doit être porté au plus haut niveau. Ce qui est gênant, c’est que ce n’est pas nouveau. Il y a un sujet autour de cette notion de volontarisme, de mesures mises en place ». Sans oublier par ailleurs la problématique d’une médecine de prévention sous tension.

De l’importance de diagnostiquer « son » absentéisme

Au-delà des grandes tendances, il importe également de comprendre les causes de cet absentéisme plus long dans sa collectivité, qui passe par un autodiagnostic. « Derrière les chiffres et les tendances qui sont fondamentales et nous donnent cette trajectoire à infléchir, il faut aller radiographier les différentes réalités. Un enjeu important car, certes, il faut pouvoir accompagner les agents en difficulté mais pour pouvoir le faire, il faut aussi auparavant accompagner les employeurs publics. Que l’on soit en secteur urbain ou rural, en petite, moyenne ou grande collectivité, ce ne sont pas les mêmes environnements territoriaux, les mêmes besoins de population qui génèrent des pressions, la même histoire, les mêmes individualités, les mêmes dispositifs… et on ne dispose pas des mêmes moyens ni des mêmes capacités à intervenir », analyse Hélène Guillet. Et de remarquer qu’il n’est plus possible d’aborder ces problématiques de manière cloisonnée, verticale, horizontale ou segmentée sur un territoire.

(1) selon les données de la MNT sur la base de ses 440 000 adhérents en prévoyance.

========================================

Couverture des arrêts : la réforme de la PSC jugée prioritaire

Ces arrêts longs impliquent pour les agents concernés un passage à demi-traitement, ce qui peut s’avérer dramatique s’ils ne sont pas bien ou pas du tout couverts. Selon le baromètre La Gazette MNT 2021 sur le bien-être au travail dans les collectivités locales, 44 % des agents se disent insatisfaits de la qualité de leur couverture et 87 % d’entre eux voient comme prioritaire la réforme qui rend obligatoire la participation financière des employeurs publics à la protection sociale complémentaire (PSC). « C’est un outil qui travaille sur plusieurs registres, l’attractivité, la reconnaissance, la valorisation et la question de la santé au travail d’une manière générale. La PSC rentre complètement dans les dispositifs du Plan santé au travail du gouvernement, qui montrent bien que tous les aspects de prévention sont fondamentaux. Et c’est à mon sens un puissant levier de pilotage et de management », estime Hélène Guillet. Et Marc Bertolini de poursuivre : « c’est une évolution avec deux aspects majeurs : l’obligation de l’employeur de participer et la possibilité en prévoyance d’avoir des contrats à adhésion obligatoire qui constituent une opportunité d’améliorer la couverture et de pérenniser un système de protection sociale. Et nous savons que la problématique d’une couverture prévoyance est de bien mutualiser le risque ».

========================================

Revoir le webinaire du 9 novembre 2021.

Replay webinaire absentéisme plus long plus grave dans la FPT

© Getty Images - PeopleImages

Mettre en place des programmes de prévention afin de réduire durablement les risques professionnels

Une fois les risques identifiés, votre expert vous aide à installer les bonnes solutions, à les mettre en pratique, à analyser les résultats et à les optimiser.