Premier lauréat du prix santé au travail en 2013, la commune de Roanne (Loire) a été récompensée pour son projet original "Respire : recréons ensemble un service public innovant, réactif et efficient". Rencontre avec David DENIS, directeur des ressources humaines.
La richesse d’une collectivité, ce sont ses ressources humaines. Il faut écouter les agents, leur accorder de la confiance. Les propositions, les idées viennent souvent d’en bas. Il faut les entendre pour adapter sa stratégie. (…) Notre projet a débuté par une écoute des encadrants qui étaient en difficulté, se sentant pris entre le marteau et l’enclume. On nous parlait de mal-être et nous avons souhaité positiver en parlant du bien-être, tout en y ajoutant, pour éviter une approche autocentrée, l’efficacité au travail.
Thierry MIGOULE - directeur général des services
MNT : En quoi votre démarche de prévention des risques psychosociaux est-elle originale ?
David DENIS : Nous n’avons pas voulu former, de façon traditionnelle, les agents aux risques psychosociaux. Après un audit qui a mis en avant un sentiment de mal-être des cadres, nous avons demandé aux agents de faire des propositions ce qui, d’ailleurs, les a déstabilisés au départ. Nous souhaitions qu’ils participent tous à la construction de notre démarche pour concilier bien-être et efficacité au travail.
MNT : Comment avez-vous décliné votre projet ?
David DENIS : En quatre axes opérationnels, touchant les agents aussi bien que les élus. D’abord, favoriser le dialogue et les échanges pour donner du sens et être plus efficace dans l’action. Ensuite, développer la prévention et promouvoir la santé au travail pour une gestion durable du personnel. Nous voulions aussi accompagner la modernisation de l’organisation pour une meilleure qualité de service rendu. Enfin, nous souhaitions créer des conditions favorables pour plus de cohésion et de bien-être au travail.
MNT : Concrètement, quelles actions avez-vous mises en place ?
David DENIS : Un grand nombre ! Notamment des temps de réunions obligatoires dans tous les services, le recrutement d’une ergonome, des formations gestes et postures, la remise à plat d’un réseau d’assistants de prévention et de relais sécurité, des actions de communication, la revalorisation du régime indemnitaire, des séminaires pour les cadres, des réflexions au sein de chaque service sur les améliorations à apporter…
MNT : Que retenez-vous de votre démarche ?
David DENIS : Les notions de dialogue et d’échange. Se parler paraît tout simple mais cela prend beaucoup de temps et demande de la volonté, de la constance et de la cohérence. Nous avons remis du dialogue au niveau de l’encadrement puis dans chaque service, ce qui a permis d’améliorer la situation. La méthode me paraît finalement presque plus importante que les solutions apportées.
(Propos recueillis en 2012 à l’issue de la remise des Prix).
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UNE ACTION TRÈS CONCLUANTE :
Un cabinet extérieur a mené, au printemps 2011, un diagnostic social de l’encadrement. Quelques chiffres ont fortement attiré l’attention :
- 82 % des cadres ressentaient une surcharge de travail,
- 70 % étaient déjà venus avec appréhension au travail,
- 43 % présentaient des signes de nervosité,
- 22 % se sentaient épuisés et 15 % désespérés.
A l’automne 2013, le climat social est apaisé, des projets ont été co-construits avec les agents, le dialogue social est permanent. Le taux d’absentéisme a diminué, notamment en maladie ordinaire et en accidents du travail. Le nombre de jours de formation n’a jamais été aussi élevé