La vingtième étude de l'Observatoire social territorial (OST), "Réenchanter le quotidien : le sens de l'action publique locale", le démontre clairement : le sens préexiste dans chacun des gestes des agents. Pour les dirigeants comme pour les managers, l'enjeu devient donc bien moins celui de "donner du sens", selon l'expression consacrée, que de créer les conditions de son déploiement. Cultiver cette énergie en évitant de l'asphyxier passe notamment par des pratiques managériales renouvelées. Petit listing "méthodo".
Garantir le partage des valeurs
Cette réassurance passe par la construction de dispositifs lisibles, qui réaffirment l’éthique de l’action publique. « Avant, certains établissements scolaires intervenaient directement auprès du politique et pouvaient obtenir des décisions totalement illogiques. Aujourd’hui, il y a une équité sur tout le territoire parce qu’on a posé un cadre contractuel », se félicite cet ingénieur territorial régional.
Rapprocher la pratique du stratégique
L’engagement s’enracine dans les « micro-faits »… Aux côtés du « grand sens stratégique » de l’institution doit donc émerger un cadre d’action plus incarné. C’est le rôle du projet de service, co-construit et fondé sur l’auto-diagnostic. Autre piste : la direction de Savenay (8 600 habitants, Loire-Atlantique) a récemment institué un « forum agents » où les employés municipaux présentaient à leurs collègues un de leurs projets structurants pour la collectivité.
Associer à la manœuvre
Le sens collectif de l’action passe par l’inclusion et le partage, lesquels s’appuient sur :
- des réunions d’équipe dynamisées : formats, objets et techniques doivent varier. De la réunion itinérante au « stand-up » sans chaise, tout est possible, du moment que les rituels bousculés affranchissent places et parole.
- Une initiative personnelle libérée : des espaces d’autonomie et de responsabilisation bien cadrés doivent être accordés. Passant d’un « management des agents à un leadership de la coresponsabilité », Garges-lès-Gonesses (42 500 habitants, Val d’Oise) a ainsi laissé ses agents culturels redéfinir leurs missions et fiches de poste, lettre d’engagement de chacun à l’appui*.
- Des délégations adaptées : confier une mission à une personne ou à un groupe revigore la coopération et marque la reconnaissance. Au département du Val-d’Oise, le pouvoir de signature des demandes de subventions de l’ASE a été déplacé des inspecteurs vers les équipes locales*.
- Une innovation stimulée : l’expertise du terrain doit être entendue et même favorisée, les agents ayant le souci de l’efficacité. De l’expérimentation au prototypage et à l’expérimentation, tous les personnels concernés ont ainsi été associés à la modernisation de l’espace, des process et du mobilier de l’accueil de la ville de Brest.
Être présent
Ne pas donner l’impression que les managers « s’éloignent de nous au moment où on a le plus besoin d’eux »... Pour que le sens ne s’étiole pas, le N+1 doit tenir son rôle au quotidien, à savoir :
- Renforcer le lien managérial par des « feedbacks » réguliers
- Accompagner les encadrants de proximité
- Conforter l’assurance et la confiance professionnelles par la formation
- Faire la chasse aux irritants.
Le sens au travail résulte ainsi de la combinaison harmonieuse du sens de la mission institutionnelle avec le sens de l’action individuelle et le sens personnel que chacun trouve à l’exercice de son métier. L’enjeu consiste donc aligner ces trois valeurs. Telles des coordonnées géographiques, celles-ci positionnent in fine ce bien-être au travail dont les ferments puisent autant à l’utilité et qu’à la reconnaissance, comme l’illustrent, publication après publication, les études menées par l’Observatoire social territorial (OST)*.
*In « La santé au travail, levier d’innovation managériale », étude réalisée par les élèves administrateurs de la promotion Nina Simone de l’Inet pour l’OST, en partenariat avec l’AATF.
*Lire « La reconnaissance monétaire au travail, un nouveau territoire » (Les Cahiers de l’OST, n° 11 - mars 2014) et « Nouvelle donne territoriale : de l’opportunité à la nécessité de changer » (Les Cahiers de l’OST, n° 16 - avril 2016)
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