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Maire rural : travailler avec l’ancienne et la nouvelle équipe

Jean-Paul Carteret, maire de Lavoncourt (Haute-Saône, 330 habitants) et vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), élu au premier tour, travaille avec l’ancienne et la nouvelle équipe municipale dans cette crise sanitaire. Témoignage sur leurs innovations, notamment dans le domaine de la solidarité.

Interview réalisée pendant le confinement, en avril 2020.

  • La gestion de cette crise sanitaire intervient en pleine période de transition électorale. Comment cela se passe-t-il ?
  • Dans nos communes rurales, plus de 80 % des électeurs se sont déplacés (dans le respect des mesures barrières), c’est dire la légitimité de ce vote. Dans plus de 30 000 communes, le conseil municipal est au complet dès le premier tour mais n’a pas pu être installé officiellement. Nous ne savons pas ce qu’il va se passer ensuite. Pour autant, il faut répondre présents. Dans ma commune par exemple (NDLR : Jean-Paul Carteret a été réélu au 1er tour), cette situation m’amène à devoir travailler avec mon ancienne équipe dont certains, qui ne souhaitaient plus poursuivre, ne sont plus du tout motivés. J’ai ainsi choisi d’associer ma nouvelle équipe non encore en place et ceux de l’ancienne qui le voulaient. Dans d’autres petites communes, certains maires qui ne se représentaient pas ont même jeté l’éponge... En cette période de transition, il y a des possibilités données au maire comme celle de réunir le conseil municipal à un tiers de ses membres. Il peut d’ailleurs y avoir deux procurations au lieu d’une. Il est également possible de délibérer par mail et même pour le maire de prendre des décisions seul. La seule chose que nous ne pouvons pas faire, c’est un emprunt.

  • Comment avez-vous accompagné vos administrés ? Les maires n’ont pas hésité à innover et même à déployer des actions de solidarité…*
  • Pour communiquer avec nos habitants, nous utilisons panneaupocket, une application sur téléphone qui nous permet de diffuser toutes nos informations et, en plus, de relayer celles qui nous parviennent de la gendarmerie et de l’Agence régionale de santé (ARS). Nous avons aussi créé une page Facebook. Nous avons par ailleurs contacté tous les commerces de notre village, la boulangerie, la supérette et le bureau de tabac qui ont adapté leurs horaires et sont même désormais ouverts tous les jours. Nous avons mis en place ce que l’on a appelé « la veille » : une liste que nous avons établie des personnes âgées isolées sur lesquelles nous veillons. Pour afficher notre solidarité en permanence envers toutes celles et ceux qui sont en première ligne, nous avons lancé un mouvement : déployer un drapeau blanc. Il flotte sur le fronton de la mairie et tous les jours il y en a un peu plus dans le village ! Je tiens à souligner que dans la crise, cette solidarité est belle. Pour preuve : dès le lundi 16 mars, avant même de lancer un appel aux habitants, le premier qui m’a appelé pour proposer son aide, c’est un réfugié syrien.

  • Comment se passe le travail des agents sur le terrain ?
  • Même si la mairie est fermée, la secrétaire de mairie assure une permanence et comme elle est seule, elle a fait le choix de continuer de venir travailler, notamment pour réceptionner le courrier. Quant à l’agent d’entretien, il est là, sur le terrain et souhaitait aussi pouvoir continuer. J’ai toutefois demandé aux habitants de ne pas l’approcher.

  • Avez-vous rencontré des difficultés ?
  • Notre bureau de poste avait fermé et cela posait des problèmes. Nos gérants de la supérette par exemple devait parcourir 30 km pour se rendre à Gray pour déposer leur recette avec tous les risques qui vont avec… Des problèmes aussi pour les personnes âgées qui ne peuvent pas se déplacer pour chercher leur argent. Heureusement, après deux semaines de fermeture, le bureau de poste, tenu par un facteur-guichetier a réouvert, à la satisfaction des usagers et des commerçants.

  • Quelle est la mobilisation de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) ?
  • Toutes les semaines, le bureau se réunit en visioconférence. L’union fait la force. Nous avons l’écoute du gouvernement, pourvu que ça dure ! Nous saluons ainsi le moratoire sur les fermetures de classes en milieu rural. Ce n’était vraiment pas le moment… Heureusement que les maires sont là, comme ils l’ont été au moment des gilets jaunes et des cahiers de doléances. Dans le contexte actuel, ils sont en première ligne dans leur commune. Un village, c’est comme une petite famille. On se connaît tous, on s’aide, on s’entraide. La commune est utile plus que jamais dans le sens du vivre ensemble et de l’exemplarité en termes de solidarité.

  • Quelle suite à cette crise ?
  • Une chose est sûre, nous allons reprioriser ce qui doit l’être dans l’agenda rural, ce plan d’actions en faveur des ruralités déployé l’an dernier, mais il est encore tôt pour en préciser les modalités.

*AMRF #Covid19 #macommuneestutile

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La MNT est reconnaissante aux agents et aux élus qui ont accepté de témoigner dans ce contexte de crise sanitaire mais aussi à tous les interlocuteurs plus que jamais présents et mobilisés. La MNT les remercie pour leur engagement au service du citoyen, au service de la continuité du service public de proximité, de notre service public.

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