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Nouvelles temporalités et travail de nuit : quels effets ?

Les salariés qui travaillent la nuit ont une rémunération plus élevée, mais des conditions de travail nettement plus difficiles que les autres salariés. Ils sont soumis à des facteurs de pénibilité physique plus nombreux, à une pression temporelle plus forte (horaires, contraintes de rythmes, délais) et à des tensions plus fréquentes avec leurs collègues ou avec le public.

Effets sanitaires du travail de nuit 

L’effet du travail de nuit sur la qualité de sommeil et la réduction du temps de sommeil est avéré.

Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), « sur le plan physiologique, lors d’un travail de nuit, il se produit une désynchronisation entre les rythmes circadiens calés sur un horaire de jour et le nouveau cycle activité-repos/veille-sommeil imposé par le travail de nuit. » La "dette de sommeil" s’accumule. Cela a des répercussions négatives très probables sur les capacités cognitives, l’attention au travail et la santé psychique.

« Les travailleurs de nuit rapportent communément des atteintes à leur santé psychique : troubles de l’humeur, dépression, irritabilité, anxiété et troubles de la personnalité. […] Le travail de nuit influerait sur les facteurs de risques psychosociaux et les troubles du sommeil, qui à leur tour pourraient augmenter les risques de troubles mentaux. […] De nombreuses études ont établi la probabilité d’une association entre le travail posté et le risque de troubles métaboliques : obésité ou surpoids, diabète, hypertension. »

Enfin, l’étude conclut à un effet probable du travail de nuit sur le risque de cancer et notamment, le cancer du sein.

Une combinaison d’effets négatifs 

L’environnement de travail et la nature du travail propres aux horaires de nuit ou aux horaires postés viennent amplifier les effets sanitaires et sociaux et se combiner entre eux.

« Le contexte organisationnel, lui, diffère quasi systématiquement : les effectifs de nuit sont souvent beaucoup plus réduits, la hiérarchie peut être réduite voire totalement absente, les services supports ou périphériques généralement fermés, l’environnement beaucoup plus calme (1). »

Aspects socio-économiques du travail de nuit

Le travail de nuit et/ou posté induit une désynchronisation des rythmes par rapport à ceux de la société : difficultés à entretenir un cercle amical et à participer à des activités sociales de groupe. Le travailleur va privilégier des activités individuelles et se retrouver, de fait, plus isolé socialement.

Au niveau de la vie familiale, le travail de nuit et/ou posté peut entraîner une détérioration de la relation conjugale, une diminution des interactions avec les enfants et une moindre qualité des fonctions parentales.

« Faire une nuit, c’est complètement différent que le travail de jour. On est isolé, les surveillants de nuit ne sont parfois pas au complet. Il faut qu’on gère tout seul, c’est angoissant. La section des adolescents est au maximum de ses capacités, car nous accueillons des mineurs isolés. La nuit, en cas de sous-effectif, il faut à la fois gérer le bébé qui ne fait pas ses nuits, le petit qui a des frayeurs nocturnes et l’ado qui a des insomnies. » Geneviève, éducatrice spécialisée en foyer de l’enfance.

« On essaie d’organiser nos gardes pour assurer au moins une présence auprès des enfants. Mais du coup, on se voit entre deux portes. Cela ne va pas être tenable très longtemps et il va falloir que l’un de nous deux prenne un poste plus administratif. Mais l’opérationnel, c’est l’essence de notre métier, on en est fier, donc le choix va être dur. » Madeleine et Patrick, sapeurs-pompiers professionnels.

Le fait de vivre des situations de tension régulières ou permanentes avec le public ressort nettement, comme des agressions verbales plus fréquentes dans tous les groupes en horaires atypiques.

« Avec les nouveaux horaires périscolaires, mais aussi, et surtout, le peu de disponibilité des parents, on nous demande de plus en plus d’assurer des cours en soirée et le samedi. Cela me pose des problèmes d’organisation personnelle, bien sûr, mais aussi, professionnelle. Pour entretenir ma pratique et mes compétences, il faut que je me produise, que je participe à des concerts, que je me confronte au public. L’activité d’enseignement artistique se nourrit de ces expériences. Or, je ne trouve plus de temps pour organiser ou participer à ces manifestations. J’en ressens une grande frustration, car j’ai l’impression de régresser dans mon métier. » Pascal, professeur de flûte traversière dans un Conservatoire national de région du Sud.

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Pour aller + loin :

(1) L’évaluation des risques sanitaires liés au travail de nuit, Anses, juin 2016

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