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Directeur des ressources humaines : prévenir, informer et protéger les agents

Tandis que la crise est encore bien réelle sur le terrain, Nicolas Lonvin, directeur des ressources humaines de la mairie d'Orléans et d'Orléans Métropole (45), confie les difficultés rencontrées en cette reprise d’activité et revient sur les mesures prises pour rassurer et prendre soin des agents.

Propos recueillis en septembre 2020.

  • En avril, vous aviez témoigné des changements liés à votre activité pendant le confinement. Qu’est-ce qui a changé dans votre travail depuis le déconfinement et au niveau de la gestion des ressources humaines ?
  • Nous avons connu en plein été, le 14 août, un cluster à la métropole. Avec la vague de chaleur et le côté contraignant du masque, la vigilance a été un peu moindre. Nous n’étions pas prêts à le gérer. Mon retour de congés le 16 août s’est donc déroulé dans des conditions compliquées, avec des agents en vacances, le déploiement d’un protocole sanitaire en urgence, la mise en quatorzaine de toute l’équipe présente... Ce qui a beaucoup gêné le fonctionnement du service concerné qui compte 17 agents.

  • Où en êtes-vous de votre plan de reprise d’activités (PRA) ? Qu’en est-il pour les agents qui télétravaillaient pendant le confinement ?
  • Notre PRA a pris de plus en plus d’ampleur jusqu’en juillet. Nous avions la volonté d’une reprise progressive avec plus de souplesse pour les télétravailleurs pour ne pas passer de tout à rien d’un seul coup. Certains ont pu continuer le télétravail après le 11 juillet. Une décision prise avec les managers qui sont au plus près de leurs agents. Nous avons identifié trois niveaux de reprise, le premier avec des agents qui craignaient la reprise et avaient pris goût au télétravail ; le second avec des agents qui souhaitaient faire un mixte ; le troisième avec ceux qui ne voulaient plus télétravailler.  Nous avons maintenu ce système jusqu’à la rentrée et engagé une phase test du télétravail pendant six mois sur la base de deux jours par semaine, en lien avec le décret du mois de mai dernier(1). Nous ferons un bilan à l’issue de cette phase.

  • Quelles mesures ont été prises pour assurer un retour en toute sécurité des agents dans les locaux de la ville et de la métropole ?
  • Pour certaines équipes, les horaires ont été décalés de 15 à 30 minutes afin d’éviter un rassemblement lors des arrivées dans les locaux. C’est également le cas sur le temps du midi avec un roulement mis en place. Toutes les mesures ont été prises pour protéger et prendre soin des agents : rappel des gestes (lavage de mains notamment), distribution de gel hydroalcoolique, de masques FFP2 pour les métiers les plus à risque, etc. Nous avons d’ailleurs anticipé le port du masque obligatoire et les avons distribués aux agents pendant l’été. Il y a une bonne compréhension de ces gestes malgré quelques récalcitrants. Nous faisons vraiment appel à la plus grande vigilance. Nous devons aussi assurer la protection des usagers, avec des mesures telles que le marquage au sol, l’installation de plexiglas...

  • Quelles sont les contraintes supplémentaires, les difficultés rencontrées en cette reprise d’activité ?
  • Dès que j’ai un cas de Covid-19 dans les services, nous envoyons immédiatement un préventeur pour rassurer et pour donner l’information directement afin d’éviter toute psychose. Nous l’avons testé dès le mois d’août avec le cluster. Et il y a tout un protocole à respecter : informer l’Agence régionale de la santé (ARS), isoler la personne, rechercher les cas contacts… Certaines situations créent également de l’incompréhension. Le plus difficile concerne les écoles avec, en cas de Covid-19, des ATSEM et des agents d’entretien qui continuent de travailler et sont réaffectés dans d’autres écoles en fonction de la présence ou de l’absence des professeurs.

  • Vous aviez décidé de ne pas passer de journée de carence pendant le confinement pour tous les agents. Qu’en est-il aujourd’hui ?
  • Nous l’avons remis en place à partir du 11 juillet avec la fin de l’état d’urgence sanitaire mais c’est un sujet qui revient aujourd’hui sur la table. Le jour de carence est très injuste ; c’est un dispositif inégalitaire qui s’applique par exemple à des agents en arrêt maladie pour des raisons liées à la Covid-19 mais pas aux agents en septaine dits cas contacts. Il s’applique aussi aux autres arrêts de travail.

  • Comment avez-vous vécu cette reprise d’activités ?
  • Ma principale difficulté, c’est l’arrivée très tardive des informations et la vitesse à laquelle nous devons les adapter sur le terrain. Je suis fondamentalement agacé de devoir courir après l’information, de la découvrir… La circulaire(2) qui fixe les nouvelles règles sanitaires est sortie dans la nuit du 31 août au 1er septembre avec effet immédiat. Comme tous les professionnels des RH, nous essayons d’être au maximum dans la prévention, d’informer, de rassurer et de protéger les agents. Là, il a fallu refaire des protocoles dans la précipitation. Je n’ai même pas eu le temps d’en informer les organisations syndicales, de réunir le CHSCT. Heureusement, les partenaires sociaux sont compréhensifs mais c’est le dialogue social qui en pâtit. C’est très inconfortable, en réalité, nous sommes toujours dans une période de crise !

  • Quelles sont vos motivations pour assurer votre mission dans ces conditions actuelles contraignantes ?
  • C’est le service public que j’ai choisi. On adapte, on ajuste sans cesse au niveau local. Ce qui me gêne actuellement, ce sont les zones d’incertitudes dans lesquelles nous mettons les agents. S’il devait arriver quelque chose, qui serait responsable ?

  1. (1) décret n°2020-524 du 5 mai 2020
  2. (2) https://www.legifrance.gouv.fr/circulaire/id/45044

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