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Grand âge : les acteurs territoriaux montent en puissance

La 28e étude de l’Observatoire MNT, « Les métiers territoriaux du grand âge, des professionnels du lien en attente de stabilité », dénoue les fils de la prise en charge des personnes âgées et dépendantes. Un secteur complexe caractérisé par la diversité des intervenants, des métiers et des financements, au sein duquel les collectivités jouent un rôle majeur.

Publié le 19-12-2022

En 2021, la France comptait 1,4 million d’habitants âgés de plus de 85 ans, dont 20 % en perte d’autonomie. Selon les projections du ministère de la Santé, cette population fragilisée ne va cesser de croître au fil des ans pour représenter cinq millions de personnes en 2060. Comme l’a mis en évidence la crise sanitaire liée au Covid-19, la prise en charge du vieillissement constitue un défi majeur du 21e siècle. Pour relever ce défi, les professionnels mobilisés au quotidien auprès des aînés jouent donc un rôle essentiel, même s’il n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur. C’est ce que souligne la 28e étude réalisée par l’Observatoire MNT, Les métiers territoriaux du grand âge, des professionnels du lien en attente de stabilité* et destinée à cerner au plus près la réalité sociale, économique et humaine de ce secteur d’activité. 

*L'étude Les métiers territoriaux du grand âge, des professionnels du lien en attente de stabilité s’appuie sur une soixantaine d’entretiens menés avec des agents territoriaux, des élus locaux et des experts ou personnes-ressources (CNFPT, centres de gestion, conseils départementaux, organisations syndicales, mutualistes du Groupe VYV, etc.).

« Un maquis institutionnel »

Le premier constat établi par les auteurs de l’étude porte sur le manque de lisibilité qui caractérise l’univers du grand âge. Ils pointent, en effet, « la complexité du secteur, les financements croisés entre conseils départementaux et agences régionales de santé, la diversité des acteurs et l’émiettement des statuts des personnels ». Décrit comme « un maquis institutionnel », cet enchevêtrement des tutelles, des subventions et des opérateurs apparaît comme la source principale des problèmes rencontrés sur le terrain par les professionnels et les familles des personnes prises en charge. L’étude parvient néanmoins à dresser un panorama inédit des différents dispositifs dédiés à la population âgée et dépendante.

Pour la plus grande partie des bénéficiaires des politiques publiques (800 000 personnes âgées en moyenne de 84 ans, dont 60 % présentant des signes de perte d’autonomie), la prise en charge s’effectue à domicile. Elle est assurée par des professionnels ou des structures dispensant des soins médicaux ou paramédicaux ou apportant une aide pratique dans les activités du quotidien (ménage, courses, repas, etc.). Parallèlement, environ 650 000 personnes sont accueillies dans des unités médicalisées, notamment dans les quelque 7 500 établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) implantées à travers l’Hexagone et en Outre-mer. Dans les deux cas de figure, le bloc communal joue un rôle majeur.

Le bloc communal de plus en plus présent

Qu’il s’agisse des structures hospitalières, des établissements ou des services d'aide à domicile gérés par les communes et intercommunalités, à travers leurs centres communaux et intercommunaux d’action sociale (CCAS et CIAS), les services publics locaux sont de plus en plus impliqués dans les problématiques du vieillissement. Selon l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas), les CCAS et CIAS gèrent directement 700 Ehpad publics, alors que les CCAS participent pour 60 % à la gestion d’un parc regroupant quelque 1000 résidences autonomie. Dans ce contexte, la participation des personnels territoriaux à la prise en charge des personnes âgées et dépendantes n’a cessé de monter en puissance ces dernières années. L’étude précise que 56 000 agents des collectivités (toutes structures et tous métiers confondus) interviennent dans ce secteur d’activité. Il s’agit pour l’essentiel des aides à domicile (37 900 agents) et des aides-soignants (15 100 agents). Plus de 90 % de ces emplois sont occupés par des femmes et cette proportion atteint 97 % en prenant en compte les métiers statutairement assimilés à celui d’aide à domicile, à savoir auxiliaires de vie sociale, auxiliaires de gérontologie, assistantes de vie, agentes d’accompagnement à la vie, etc.

Selon les auteurs de cette 28e étude, les agents exerçant auprès des seniors se distinguent également par la précarité de leur situation professionnelle (30 % des effectifs territoriaux sont des contractuels) et un quart d’entre eux a plus de 55 ans, ce qui peut être une source potentielle de fatigue physique et psychique. L’étude rend implicitement hommage à ces agents qualifiés « d’invisibles » en insistant sur « le sentiment général de fierté et d’utilité sociale qui prédomine parmi ces professionnels, malgré les difficultés rencontrées dans l’exercice de leurs missions, quelles que soient leurs fonctions ou les structures qui les emploient ».

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