La 28e étude de l’Observatoire MNT, « Les métiers territoriaux du grand âge, des professionnels du lien en attente de stabilité́ », passe au crible les dysfonctionnements des politiques publiques mises en œuvre pour l’accueil et le soin des personnes les plus vulnérables.
Publié le 9-01-2023
En donnant la parole à ceux qui prennent en charge quotidiennement les personnes âgées les plus vulnérables, la 28e étude réalisée par l’Observatoire MNT, Les métiers territoriaux du grand âge, des professionnels du lien en attente de stabilité*, décrypte les dysfonctionnements auxquels sont confrontés ces personnels. Les auteurs de l’étude recensent plusieurs chantiers à engager sans tarder pour revaloriser ce secteur d’activité qui emploie aujourd’hui 830 000 salariés (en équivalents temps plein).
*L’étude Les métiers territoriaux du grand âge, des professionnels du lien en attente de stabilité s’appuie sur une soixantaine d’entretiens menés avec des agents territoriaux, des élus locaux et des experts ou personnes-ressources (CNFPT, centres de gestion, conseils départementaux, organisations syndicales, mutualistes du Groupe VYV, etc.).
Effacer les frontières entre maintien à domicile et structures d’hébergement
L’un des objectifs majeurs pointé par l’étude consiste à redessiner la carte de la prise en charge du grand âge, notamment en dépassant le choix drastique entre structures d’hébergement et services à domicile. En effet, selon l’Observatoire MNT, une grande majorité des concitoyens âgés expriment le désir de rester dans leur environnement le plus longtemps possible. Il s’agit donc d’imaginer des dispositifs plus souples et évolutifs combinant les avantages du maintien à domicile avec ceux d’une structure médicalisée. A ce sujet, l’étude mentionne des pistes explorées avec succès dans l’Hexagone : « Ehpad plateformes », « Ehpad hors les murs » ou encore « CCAS centres de ressources » qui permettent de coordonner et d’optimiser les ressources - notamment médicales - d’un territoire dans une logique de services aux personnes les plus fragiles. De telles solutions favorisent l’accompagnement des personnes âgées « à chaque étape de leur perte d’autonomie, en fonction de leurs besoins et de ceux de leurs « à chaque étape de leur perte d’autonomie, en fonction de leurs besoins et de ceux de leurs aidants ».
Politiques intergénérationnelles et intégration territoriale
L’autre axe essentiel d’une refondation de la politique publique du grand âge repose sur une meilleure intégration des anciens au sein de la société. Les auteurs de l’étude font notamment référence aux labels lancés il y a plusieurs années pour combattre l’exclusion générationnelle dont sont victimes les personnes les plus âgées. L’opération « Bien vieillir – Vivre ensemble », menée par le gouvernement et l’Association des maires de France (AMF) a, par exemple, permis d’encourager de nombreuses communes dans leur politique du vieillissement. De même, l’action « Villes amies des aînés », créé en 2012, à l’initiative de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a contribué à diffuser les bonnes pratiques mises en œuvre par certaines collectivités déterminées à combattre l’exclusion des personnes âgées de l’espace public. « L’âgisme est un fléau, une discrimination antivieux qu’il faut combattre au même titre que le racisme ou le sexisme », affirme Pascal Champvert, président de l'association des directeurs au service des personnes âgées.
L’Observatoire MNT souligne, par ailleurs, la pertinence des politiques qui incitent les collectivités à intégrer la problématique du vieillissement et de la dépendance dans leur stratégie territoriale. Il s’agit notamment de mobiliser toutes les politiques publiques locales (voirie, logement, bâtiments publics, transports, équipements culturels…) autour de cet objectif d’intégration territoriale. Sur ce point, plusieurs expériences probantes sont mises en exergue, comme celle menée par la commune de Maromme (Seine-Maritime) qui a choisi d’implanter son Ehpad en plein cœur de ville. Cet établissement accueille 80 résidents permanents et abrite un restaurant et des commerces fréquentés à 75 % par des personnes extérieures. Autre référence : la ville de Barlin (Pas-de-Calais) qui a prévu d’intégrer deux classes de maternelle au sein de l’Ehpad qui ouvrira ses portes dans quelques mois.
Les nouvelles technologies au service du grand âge
Enfin, l’étude insiste sur le parti que peuvent tirer les professionnels du grand âge (et aussi les personnes vulnérables) des nouvelles technologies. « Le numérique peut pallier les problématiques de lutte contre l’isolement et apporter une meilleure communication avec les familles », observe un intervenant cité. Parmi les solutions innovantes est, en outre, signalé l’émergence du premier living lab (laboratoire vivant) français d’intelligence artificielle dédié à la santé et créé par le Groupe VYV avec le centre hospitalier régional universitaire de Tours.
En savoir plus :
- L'étude dans son intégralité
- La synthèse de cette étude
- Métiers territoriaux du grand âge : à l’honneur dans la 28e étude de l’Observatoire MNT
- Grand âge : les acteurs territoriaux montent en puissance
- Grand âge : l'action des "invisibles" décryptée
- Grand âge : des pistes pour sortir de la crise des métiers et des vocations
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