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Télétravail et santé : quels risques psychosociaux anticiper ?

La MNT était partenaire d’une webconférence organisée le 12 octobre dernier par Weka, avec également SMACL Assurances et l'Association des DRH des grandes collectivités territoriales (ADRHGCT) sur les risques psychosociaux (RPS) éventuels liés au télétravail et la façon de les appréhender. Avec les analyses des deux intervenantes, Aline Ridet, adjointe au directeur général adjoint ressources humaines au Conseil régional d'Île-de-France et Florence Carruel, médecin de prévention.

Publié le 15-10-2021

Télétravail, mais de quoi parle-t-on ? Il importe en effet de différencier « le travail à distance mis en place pendant le confinement, à temps plein, souvent sans préparation et dans des conditions non optimales, et un télétravail préparé, concerté, pour lesquels les agents et les managers sont formés. Un télétravail à temps partiel, et qui permet justement de gérer ce mode de travail qui doit s’intégrer dans la semaine globale de travail », rappelle Aline Ridet, adjointe au DGA RH au Conseil régional d'Île-de-France et vice-présidente de l'ADRHGCT. Et d’insister sur le fait que ce télétravail imposé durant le confinement n’est pas la réalité du télétravail tel que prévu et encadré par l’accord-cadre signé le 13 juillet 2021 relatif à sa mise en œuvre dans la fonction publique.

Télétravail : préparation et dialogue en amont

Mode de travail intéressant et demandé par les agents, il est cependant nécessaire, selon Aline Ridet, de l’accompagner et « d’avoir toute une préparation très importante pour bien cadrer les choses plutôt que de le mettre en œuvre dans l’urgence », quitte à signer un accord-cadre mais à le mettre en œuvre à une échéance plus tardive. A noter que s’il n’y a pas d'obligation de mise en œuvre du télétravail, les collectivités doivent toutefois mener un dialogue social sur le sujet. « Les organisations syndicales sont là pour anticiper des risques, notamment les risques psychosociaux (RPS), et elles sont aussi des relais pour nous aider », remarque Aline Ridet.

« Ce que je constate, poursuit Florence Carruel, médecin de prévention, et présidente de l’Association de médecine préventive des personnels territoriaux (ANMPPT), c’est qu’il n’y a pas plus de troubles mais plutôt des troubles un peu différents avec l’apparition de nouveaux risques psychosociaux, de cristallisation de problématiques relationnelles entre les agents très probablement liées à un manque de préparation dans la mise en place du télétravail. Il est vraiment important de le faire, de bien définir les tâches, de voir comment la réalisation du travail va être contrôlée, de cadrer l’autonomie que cela suppose de télétravailler. »

Télétravail : quelles modalités dans la fonction publique ?

Selon l’accord-cadre du 13 juillet, applicable depuis le 1er septembre 2021, le télétravail s’effectue sur demande de l’agent (apprenti et stagiaire inclus), avec accord de l’employeur. Il peut l’être jusqu’à trois jours par semaine pour un agent à temps complet dans un souci d’équilibre entre présentiel et distanciel (et au-delà dans des cas particuliers comme pour un proche aidant, une femme enceinte, un agent ayant des soucis de santé...). « C’est en effet le maximum si on veut garder contact avec la réalité du travail, avec le reste du groupe et ne pas se retrouver isolé, ce qui représente un des risques majeurs du télétravail », analyse Florence Carruel.

Ce sont bien les activités et non les postes qui permettent l’éligibilité au télétravail, une éligibilité qui doit faire l’objet du dialogue social. Exemple : un agent affecté à l’accueil et au standard pourra ainsi effectuer du télétravail sur ses missions de standard. L’accord précise également les lieux de télétravail à savoir le domicile, un autre lieu privé ou à usage professionnel et un tiers lieu ; le travail en site distant ou le travail nomade étant exclus. L’employeur doit fournir les accès aux outils numériques, tout en garantissant la sécurité des données et le respect du RGPD (règlement général sur la protection des données). Enfin, l’accord indique que l’exercice des droits syndicaux à distance est également permis.

Former les encadrants et les équipes à ce nouveau mode de travail

Autres éléments introduits par l’accord-cadre : le droit à la déconnexion qui doit être négocié et la mesure de la charge de travail. Le texte demande d’ailleurs la prise en compte par l’employeur de la santé, la sécurité et des conditions de travail hors des locaux des agents en télétravail (accidents de travail et de trajet couverts). Difficile cependant d’intervenir directement au domicile des agents, font remarquer les deux intervenantes. Il s'agit donc surtout de donner des conseils, comme notamment en matière d’ergonomie.

« La formation est également essentielle par rapport aux risques pour la santé, aux troubles musculo-squelettiques, mais aussi pour identifier les risques psychosociaux », juge Aline Ridet. Pour Florence Carruel, si le rôle du médecin de prévention est de garder le lien avec les agents et notamment ceux en difficulté, il est aussi « de faire remonter les problématiques au niveau de l’encadrement et de la direction pour les encourager à mieux préparer les choses et surtout à mieux former les encadrants pour être en capacité d’encadrer correctement leurs télétravailleurs. »

L’accord-cadre met d’ailleurs l’accent sur la formation et l’accompagnement du manager comme des équipes, en insistant sur les compétences managériales nécessaires au pilotage d’équipes en télétravail et en encourageant à promouvoir la confiance, l’autonomie et le sens des responsabilités. « Le télétravail nous amène à reconsidérer les méthodes managériales. Les managers doivent fonctionner, dans ce contexte, par objectif et ils sont obligés de fonctionner aussi sur la confiance ce qui est intéressant pour les organisations », estime Aline Ridet, qui conseille « d’expérimenter pour travailler l’acceptabilité ». Un avis partagé par Florence Carruel qui conseille elle aussi aux managers de travailler la confiance et l’autonomie, et de revoir toute l’organisation du travail « de tous, y compris de ceux qui ne télétravaillent pas, parce que les conséquences dans la répartition des tâches vont retentir sur la totalité du collectif de travail. »

Revoir le webinaire du 12 octobre 2021.

Webinar Weka MNT sur télétravail et santé, quels risques psychosociaux anticiper ?

© Getty Images-TCmake_photo ; apinan-stock.adobe.com ; Weka.

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